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Accusé de viol par l'écrivain Edouard Louis, Reda B. clame son innocence

L'écrivain Edouard Louis, auteur de "Histoire de la violence".

L'écrivain Edouard Louis, auteur de "Histoire de la violence". - Joël Saget - AFP

Reda B., mis en examen pour l'agression et le viol présumés à Noël 2012 de l'écrivain Edouard Louis, qui en a fait le récit dans son livre Histoire de la violence, a été remis en liberté. Il clame son innocence et demande une confrontation.

Dans son deuxième livre, Edouard Louis raconte comment Reda l'a agressé et violé chez lui, un soir de Noël en 2012. Dans la vie réelle, la justice a remis en liberté ce sans-papiers algérien qui clame son innocence et demande en vain une confrontation avec l'écrivain.

"Je veux lui parler, être en face de lui, et il dira la vérité", a affirmé Reda B., 31 ans, après sa sortie de prison, ordonnée jeudi.

"Je n'irai pas au procès"

"Je souhaite que cette procédure s'arrête ou, en tout cas, ne plus en faire partie. Je ne suis pas allé aux confrontations, je n'irai pas au procès", a déclaré de son côté, dans un courriel transmis mardi à l'AFP, Edouard Louis, 25 ans. Tout en réaffirmant avoir "été l'objet d'un viol et d'une tentative de meurtre en décembre 2012", dans son appartement parisien, quartier de la République. Une scène au coeur de son livre Histoire de la violence, qui a confirmé son statut de jeune talent littéraire, début 2016. Mais des faits vigoureusement contestés par Reda B.

Jeudi, les magistrats de la chambre de l'instruction à Paris ont relevé qu'après plus de dix mois, sa détention provisoire n'était plus nécessaire. Il reste mis en examen pour viol avec arme et vol.

Ecchymoses au cou

Les juges relèvent aussi le refus d'Edouard Louis de se rendre à une confrontation chez la juge d'instruction, le 24 novembre. Dans son rapport daté d'octobre, l'experte psychologue, qui a préconisé cette confrontation, a noté qu'il souhaitait un non lieu, qu'il relativisait les choses - "je n'ai pas été très bien pendant deux semaines environ mais pas plus" -, et qu'il regrettait d'avoir porté plainte, sous l'influence de deux amis, a raconté une source proche de l'enquête.

Au soir du 25 décembre 2012, celui qui n'est pas encore l'auteur d'En finir avec Eddy Bellegueule, chronique du rejet dont il a été victime, dans son village de Picardie, dépose plainte au commissariat. Il a 21 ans.

Devant la police, il raconte avoir rencontré un certain Reda dans la rue, en rentrant du réveillon. Ils se sont plu et ont eu plusieurs relations sexuelles. Les choses auraient dégénéré quand il s'est rendu compte que sa tablette et son téléphone avaient disparu. Reda aurait alors explosé de colère, essayant de l'étrangler avec une écharpe, le menaçant en lui disant qu'il avait un "gun", avant de le violer. Au lendemain de sa plainte, Edouard Louis est examiné par un médecin qui a diagnostiqué des ecchymoses au cou et des blessures compatibles avec un viol.

"Il n'y a pas une ligne de fiction"

L'histoire aurait pu rester privée. Mais le livre sort le 7 janvier 2016. Edouard Louis en a fait la promotion les semaines précédentes: "Il n'y a pas une ligne de fiction", explique-t-il à Livres Hebdo.

Reda B., le vrai, est arrêté le 9 janvier, à Montreuil. Son ADN est identique à celui recueilli trois ans plus tôt sur un verre, dans le studio d'Edouard Louis. Il aurait pu être mis en cause plus tôt, puisqu'il avait été arrêté plusieurs fois en 2013 pour des vols, et même incarcéré en 2014, sans qu'aucun rapprochement ne soit fait.

Une nouvelle histoire, judiciaire, commence. Reda B. concède qu'à l'époque, il lui arrivait de dérober leur portable à des hommes qu'il séduisait - il est mis en cause pour un vol similaire - mais conteste vigoureusement l'agression. S'il confirme avoir rencontré Edouard Louis et avoir eu des relations avec lui, "il n'y a jamais eu de violence", assure-t-il.

"Pris au piège" de son oeuvre littéraire

De son côté, Edouard Louis explique qu'il se situe dans "l'héritage" de "la Ligue du droit des femmes proche de Simone de Beauvoir" en cherchant à concilier "la nécessité d'une reconnaissance des violences" subies et "la critique de la répression, de la justice, de la prison".

"Une pure posture", dénonce l'avocate de Reda B., Me Marie Dosé. "Quand on est accusé, le premier droit que l'on a, c'est de pouvoir être confronté à son accusateur. Or, Edouard Louis refuse ce droit à l'homme qu'il accuse", assène-t-elle, se disant convaincue que l'écrivain est "pris au piège" de son oeuvre littéraire.

la rédaction avec AFP