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Nicolas Hulot: d'Ushuaïa au ministère de la Transition écologique

Nicolas Hulot, durant la conférence de presse à l'Elysée, pour la conférence sur le climat.

Nicolas Hulot, durant la conférence de presse à l'Elysée, pour la conférence sur le climat. - Michel Euler -AFP

L'ancien journaliste-reporter, devenu ministre de la transition écologique, a annoncé mardi 28 août son départ surprise du gouvernement d'Emmanuel Macron.

Dans les années 1980 et 1990, il sillonnait la planète pour Ushuaïa, "le magazine de l'extrême", sponsorisé par le groupe chimique Rhône-Poulenc. En mai 2017, il a affronté son plus grand défi: rejoindre le gouvernement d'Emmanuel Macron en devenant ministre de la transition écologique. 

Un an plus tard, après plusieurs mois d'interrogations sur son action et faute d'avancées suffisantes en matière d'environnement, il a finalement annoncé ce mardi 28 août son départ surprise:

"Je prends la décision de quitter le gouvernement", a-t-il déclaré lors d'une interview en direct sur France Inter, après avoir confié qu'il se sentait "tout seul à la manœuvre" sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement.

"Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d'autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent... la réponse, elle est non", a-t-il considéré. Sa décision semblait inévitable: pratiquement dès sa nomination il avait été ciblé par des écologistes. 

Avant de devenir ministre, Nicolas Hulot a eu plusieurs vies. La première, avant Ushuaïa, l'a mené en reportage photo au Guatemala pour couvrir un tremblement de terre, en Afrique du Sud ou en Rhodésie, alors en guerre, pour Sipa.

> Les années Ushuaïa

Dès 1987, il anime l'émission Ushuaïa, diffusée sur TF1. Il entre dans les foyers français, à bord d'un ULM, d'une montgolfière ou d'un hydravion. Il y fait découvrir les beautés de la planète, mais aussi les dangers qui la menacent et l'importance de préserver les espèces. Nicolas Hulot devient un fervent défenseur de l'environnement. "Je ne suis pas né écologiste, je le suis devenu", dit-il.

"Quand on a commencé, il y a vingt-cinq ans, pour nous, la Terre était surtout un terrain de jeu, ensuite, on a vu les choses avec plus de discernement", expliquait-il à Télérama en 2014. "Je crois que cette évolution graduelle a été perceptible à l’antenne, mais je n’ai jamais voulu transformer Ushuaïa en magazine militant. (...) J’avais ce credo: je considérais que l’émerveillement devant les paysages était le premier pas vers le respect".

Arrêtée en 1996, l'émission revient sous le nom d'Ushuaïa Nature. Elle ne sera définitivement arrêtée qu'en février 2014. Dès 1990, il crée la Fondation Ushuaïa, qui devient la "Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme".

> L'entrée en politique

Avec la conscience écologique, est née la conscience politique. Jacques Attali présente Nicolas Hulot en 1989 à François Mitterrand. Mais snobé par le président, et sollicité par le maire de Paris, Jacques Chirac, c'est avec ce dernier qu'il sympathise et collabore.

En 2007, tous les candidats à la présidentielle signent le pacte écologique de Nicolas Hulot. Même Nicolas Sarkozy, qui le regrettera bien plus tard:

"Est-ce que j'ai bien fait de signer? Je me suis posé la question... C'était une façon de céder à la pensée unique, à des gens qui au fond ne représentent que très peu, que les médias adorent mais qui ne représentent pas grand-chose".

En 2009, Chantal Jouanno, alors secrétaire d'Etat à l'Ecologie, lui rend hommage et assure: "Sans Nicolas Hulot, il n'y aurait jamais eu de Grenelle de l'environnement". C'est cette année-là qu'il sort son film, Le syndrome du Titanic. Jugé trop oppressant et anxiogène, c'est un flop.

Candidat malheureux à la primaire écologiste en 2011, Nicolas Hulot devient en 2012 envoyé spécial pour la protection de la planète, à la demande de François Hollande. C'est dans ce cadre qu'il a activement préparé la Cop21, organisée à Paris en 2015, qui débouchera sur les accords de Paris.

> Présidentielle, le rendez-vous manqué

En janvier 2016, on lui prêtait l'intention de se présenter à l'élection présidentielle. Il a finalement annoncé renoncer à être candidat en juillet 2016, déclarant:

"Conscient de l’attente et de l’espoir que certains ont placé en moi, je ne pouvais écarter d’un revers de main cette hypothèse. Ce que je ne peux pas, c’est endosser l’habit de l’homme providentiel et présidentiel". Il ajoute alors ne pas se sentir "suffisamment armé et aguerri" pour se porter candidat.

En janvier 2007, déjà, Nicolas Hulot avait reculé, et avait annoncé sa décision de ne pas être candidat à l'élection présidentielle.

En avril 2017, Nicolas Hulot a signé une tribune dans Le Monde, intitulée "Macron, un vote de raison, pas d’adhésion", dans laquelle il explique que son vote pour Emmanuel Macron au second tour n'est pas "un chèque en blanc et encore moins une adhésion sans réserve à (son) projet, qui sous bien des aspects n’a pas pris la mesure de l’exigence de solidarité dans laquelle se trouvent le pays, l’Europe et le monde".

> Au gouvernement, des décisions contraires à ses convictions

Nommé pour la première fois ministre en mai 2017, après avoir renoncé à une candidature à la présidentielle un an plus tôt, Nicolas Hulot avait dû avaler bien des décisions contraires à ses convictions, au delà de certaines victoires symboliques comme l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Il avait notamment dû endosser le report de l'objectif consistant à ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% en 2025, ou l'entrée en vigueur provisoire de l'accord de libre échange UE-Canada (Ceta). Et lundi,l'Elysée avait annoncé que le prix du permis de chasse serait diminué par deux, passant de 400 à 200 euros par an.

Magali Rangin avec AFP