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Débat Macron-Le Pen: les détails millimétrés d'un face à face attendu

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Ce mercredi soir se tiendra le débat de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle. Voici comment va se dérouler cette joute très attendue.

Mercredi soir, ils seront face à face pour la première fois. Emmanuel Macron et Marine Le Pen participeront au débat de l'entre-deux-tours, qui oppose traditionnellement les deux finalistes à l'élection présidentielle.

Un rendez-vous que Jacques Chirac avait refusé en 2002, lorsque pour la première fois, le Front national de Jean-Marie Le Pen avait accédé au second tour. Voici les dessous de ce dernier débat, organisé par TF1 et France 2, très codifié et encadré par le CSA. Un événement qui sera diffusé sur BFMTV.

Le décor

D'après les quelques images des préparatifs diffusées par LCI, le décor du débat ressemble beaucoup à celui qui a vu s'opposer Nicolas Sarkozy et François Hollande en 2007. Les deux candidats y sont face à face, avec, en toile de fond, une image un peu floutée de l'Elysée. Leur disposition, à droite et à gauche du bureau central, a été déterminée par tirage au sort. Marine Le Pen sera ainsi placée à gauche et Emmanuel Macron à droite.

Quant à la table où ils se feront face, c'est l'habitude en France depuis 1974. "Nous avons tenté des pupitres à l'américaine mais ce sera pour nos successeurs", a plaisanté Michel Field, interrogé par l'AFP. Marine Le Pen a en fait gardé un mauvais souvenir des heures passées debout lors du dernier débat.

C'est également le tirage au sort qui décidé de qui ouvrirait le débat. C'est à la candidate du Front national que reviendra cette tâche, tandis que le leader de En Marche conclura le débat. C'est également le sort qui décidé des loges qu'occuperont Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Avec les équipes des candidats, chaque détail a été passé en revue : la température (19-20 degrés, sinon on transpire), la table (de 2,50 m de large) où ils seront assis face-à-face et le décor de fond, une image floutée de l'Elysée, comme en 2012 et en 2007. Cette fois, aucun public n'est invité.

Des intervieweurs inattendus

Le CSA a demandé le 26 avril dernier à TF1 et France 2 de proposer un duo d'intervieweurs mixte, plutôt que le tandem Gilles Bouleau-David Pujadas initialement annoncé par les chaînes. Le FN a demandé que soit écartée l'autre option de TF1, Anne-Claire Coudray, jugée anti-Le Pen.

TF1 et France 2 ont opté pour une solution totalement inédite, en choisissant les responsables de leur service politique respectif. Christophe Jakubyszyn pour TF1 et Nathalie Saint-Cricq pour France 2 seront donc les deux intervieweurs de ce débat. Ils succèdent à Laurence Ferrari et David Pujadas.

Mardi, la liste et l'ordre de la douzaine de thèmes qui seront abordés devait encore encore être calés avec les équipes des candidats, au terme d'une ultime réunion.

Les deux présentateurs ont prévu "d'annoncer les thèmes de façon un peu anglée, pour renouveler un peu le genre". Ils ont tout écrit ensemble et se répartiront les questions. "Ils devront surtout être des maîtres du temps, ils seront plus jugés la-dessus que sur la pertinence des relances. Ils feront surtout des rappels du temps", selon Michel Field.

Un réalisateur chevronné

La réalisation a été confiée à Tristan Carné. Catherine Nayl, directrice de l'information de TF1 dit au Figaro l'avoir choisi pour "un regard de réalisateur marqué par une neutralité et un recul" qu'elle apprécie. Le réalisateur avait déjà filmé le débat entre Hollande et Sarkozy en 2007, mais aussi plus récemment, le débat à 11 candidats, avant le premier tour. Le réalisateur était parvenu à cette occasion à réintroduire des plans de coupe (des plans sur le visage d'un candidat, pendant qu'un autre est en train de parler).

Cela n'a l'air de rien, mais de tels plans sont "bannis depuis Mitterrand sous l'influence de Serge Moati", expliquait Tristan Carné à TéléObs en mars 2017. L'idée du retour des plans de coupe a été facilement acceptée par les 11 candidats, "car l'explosion, finalement assez récente, des portables, a habitué les candidats à être constamment filmés", précisait-il encore. Pour l'instant, les candidats n'ont pas accepté les "plans de coupe".

Il y aura 14 caméras, dont l'une qui filmera l'arrivée des candidats à l'extérieur. Pas question de panne, "qui risquerait d'apparaître comme un manque d'équité entre les candidats", a expliqué le réalisateur Tristan Carné à l'AFP. "Nous voulons montrer au téléspectateur ce qu'il aimerait voir s'il était sur le plateau".

Un duel et un match

Le débat qui débutera à 21 et doit durer 2h20 se tiendra le 3 mai. TF1 et France 2 mettront leur signal à disposition des chaînes d'info et des radios qui le souhaitent, pour qu'elles puissent diffuser le débat en direct sur leur antenne. BFMTV retransmettra ainsi le débat en direct.

20,4 millions de téléspectateurs avaient suivi le débat entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal en 2007. Ils étaient 17,79 millions en 2012 à regarder le face à face entre François Hollande et Nicolas Sarkozy.

Combien seront-ils le 3 mai prochain, alors que se tient, le même soir, la demi-finale de la Ligue des champions qui opposera Monaco à la Juventus de Turin, un match très attendu par les amateurs de foot et qui sera diffusé sur BeIN Sports.

Un rendez-vous avec l'histoire

Avec ce débat, les candidats jouent leur va-tout. Chaque candidat se fera conseiller par des "réalisateurs-conseils" qu'ils auront choisis. Ils doivent rivaliser d'éloquence, trouver la formule qui va faire mouche, toucher les Français. Plusieurs phrases lancées au cours de ce débat sont ainsi restées dans l'histoire.

Il y a ainsi eu le fameux "Vous n'avez pas le monopole du coeur" de Valéry Giscard d'Estaing, en réponse à François Mitterrand lors du débat de 1974. Sept ans plus tard, François Mitterrand, bien plus à l'aise, prend sa revanche "Je n'aime pas vos méthodes. Je ne suis pas votre élève. Ici, vous n'êtes pas président de la République, mais mon contradicteur", lance-t-il à VGE.

Retour de bâton en 1988, face à Jacques Chirac qui lui dit: "Ce soir, vous n'êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité (...), vous me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand". François Mitterrand lui répond, sur un ton cinglant: "Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre".

Enfin c'est lors du débat entre Nicolas Sarkozy et François Hollande que ce dernier avait déclamé la fameuse anaphore "moi président".

Magali Rangin