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20 heures de France 2: le remplacement de Pujadas par Lapix confirmé

Anne-Sophie Lapix, future présentatrice du JT de France 2?

Anne-Sophie Lapix, future présentatrice du JT de France 2? - Eliot Blondet - AFP

France Télévisions a confirmé mercredi que Anne-Sophie Lapix va remplacer David Pujadas à la tête du JT de France 2. Un retour à l'information généraliste pour celle qui tient une émission culturelle depuis 2013.

Une petite révolution s’opère dans le PAF. Après avoir incarné le 20 heures de France 2 durant 16 ans, David Pujadas a annoncé son départ du JT dès la saison prochaine. Une décision subie par le journaliste de 52 ans, comme il l’a annoncé à ses équipes selon des informations de Puremédias: "Cette décision n’est pas la mienne. Elle ne nous a pas été expliquée", aurait-il déclaré.

Se pose, évidemment, la question de son remplacement. Le nom d'Anne-Sophie Lapix circulait pour reprendre les rênes du JT de 20 heures en semaine. Celle qui officie sur France 5 depuis quatre saisons aux commandes du programme d’access-prime time C à Vous devait quitter le divertissement pour retourner à l’information. Car avant de succéder à Alessandra Sublet aux commandes du talk-show, en 2013, c'est dans le journalisme politique qu'elle a obtenu ses lettres de noblesse.

"Le temps était venu de donner un nouvel élan"

Dans un entretien accordée par Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, au Parisien, le remplacement de David Pujadas par Anne-Sophie Lapix a été confirmé:

"Oui, c'est elle que j'ai choisie. C’est une journaliste expérimentée, qui a déjà présenté des journaux de 20 Heures ainsi qu’une excellente émission politique sur Canal+. Et c’est une incarnation du service public puisqu’elle a fait de C à vous un rendez-vous plébiscité par les téléspectateurs. Elle y interviewe des artistes ou des intellectuels mais aussi des personnalités politiques avec une rigueur irréprochable", a déclaré la patronne du groupe audiovisuel. 

Celle-ci a aussi expliqué les raisons du changement de la figure du journal de 20h de la télévision publique. Après que David Pujadas a couvert quatre présidentielles, "j’ai estimé que le temps était venu de donner un nouvel élan. Il est inutile d’attendre que les choses aillent mal pour changer", a-t-elle dit. Elle a également précisé qu'elle souhaitait que David Pujadas conserve une place dans la grille des programmes: "Je lui ai dit que je voulais qu’il reste dans cette maison, qu’il continue à animer 'L’émission Politique' et que j’étais prête à discuter d’autres choses."

Un parcours prédestiné

Née en 1972 à Saint-Jean de Luz, Anne-Sophie Lapix voit très rapidement sa vocation s’imposer à elle. Âgée d’une dizaine d’années, elle monte un journal avec des copines, comme elle le raconte au Parisien:

"J'étais en CM2 quand j'ai créé un journal avec des copines, j'en étais la rédactrice en chef, a confié la journaliste. Nous allions le vendre à la criée 5 F de l'époque dans les rues de Saint-Jean-de-Luz. On y parlait de la pollution dans les forêts, on donnait des nouvelles de la région."

Quelques années plus tard, diplômée de l’Institut d’études politiques de Bordeaux et du Centre de formation des journalistes, elle fait ses armes à la fin des années 90 dans des télévisions et des journaux locaux. Elle présente son premier JT en 1996 lors d’un stage à TV8 Mont-Blanc pour remplacer un journaliste qui ne s’est pas présenté. Une expérience dont elle garde un souvenir mitigé, comme elle le confie au quotidien régional: "J'avais les cheveux sales, une veste noire longue et un col rouge. J'avais 24 ans et de bonnes joues... On aurait dit un poisson-lune ! On me lançait: Tu vas changer de caméra. Et je répondais: Non, je ne peux pas."

Après ces débuts hésitants, la carrière de la journaliste s’accélère rapidement: présentatrice pour Bloomberg TV de 1996 à 1999, elle intègre la rédaction de LCI en 1999, où elle présente le journal puis co-anime Le Grand journal de la chaîne d’information en 2004.

La première consécration arrive l’année suivante, sur M6: pour la première fois, le visage d’Anne-Sophie Lapix apparaît dans l’un des programmes-phares d’une grande chaîne lorsqu’elle prend la relève de Bernard de La Villardière à la présentation de Zone Interdite. Dans la foulée, elle prend les commandes du 12:50 de la sixième chaîne. Puis, dès 2006, elle retourne au groupe TF1 en devenant le joker de Claire Chazal pour les JT du week-end de TF1 et co-anime Sept à Huit avec Harry Roselmack.

Canal+, ou les années de la reconnaissance

Débauchée par Canal+, elle prend la tête du magazine Dimanche+ en 2008. Pertinente et incisive, elle se montre implacable en interview; quelque-uns de ses entretiens marqueront particulièrement les esprits, à l’instar de cette interview de Marine Le Pen, en janvier 2012, durant laquelle elle met la présidente du Front national devant l’inexactitude de ses calculs économiques. Cette année-là, Anne-Sophie Lapix se voit décerner le prix Philippe-Caloni de la meilleure intervieweuse.

C’est durant cette apogée qu’elle fait le pari de quitter la chaîne cryptée et la politique en reprenant C à Vous sur France 5. "L'idée, c'est d'élargir mon champ de travail", assume-t-elle alors dans les colonnes du Monde. Depuis quatre ans, elle y reçoit des hommes et des femmes politiques mais également des pointures de la musique et du cinéma internationaux, de Drew Barrymore à Taylor Swift, en passant Louane, Kevin Spacey ou encore Daniel Craig. Sans rien perdre de sa verve: au mois de mars dernier, Florian Philippot s’est emporté face à la journaliste sur le plateau et quelques jours plus tard, Jean-Luc Mélenchon sortait du talk-show en le qualifiant de "traquenard" "puant", dénonçant "le jeu 'ce soir on humilie Mélenchon’".

Durant quatre ans, C à Vous affiche une santé de fer, malgré le défi que représentait le remplacement d’Alessandra Sublet. Le programme réussit même à concurrencer Le Grand Journal de Canal+… avant de légèrement s’essouffler durant cette dernière saison, souffrant de la concurrence du Quotidien de Yann Barthès, chaque soir sur TMC. 

Une baisse de régime qui ne l’empêche pas de battre son record historique le 8 mai dernier, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, comme le rapporte Puremédias: 1,57 millions de téléspectateurs, pour 7,9 % de part d’audience. La conjoncture parfait pour partir vers de nouveaux horizons? Pour l'instant, la journaliste ne s'est pas exprimée sur cette potentielle bifurcation. Mais l'émission en direct de ce mercredi, à 19 heures, apportera peut-être quelques éclaircissements.

Benjamin Pierret