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13 Reasons Why : la série de Netflix inquiète les écoles canadienne

Katherine Langford, l'interprète d'Hannah Baker dans "13 Reasons Why"

Katherine Langford, l'interprète d'Hannah Baker dans "13 Reasons Why" - Beth Dubber/Netflix

Le corps enseignant craint une phénomène d'émulation autour de cette série américaine, qui raconte le suicide d'une adolescente.

De la sensibilisation à l'incitation, n'y a-t-il qu'un pas ? Pour les experts de santé mentale canadiens, la réponse pourrait être oui. 13 Reasons Why, la série pour adolescents qui rencontre un grand succès sur Netflix depuis sa sortie le 31 mars dernier, semble déclencher autant d'enthousiasme chez ses jeunes téléspectateurs que chez les personnes chargées de les protéger outre-Atlantique.

Adaptée du roman Treize raisons de l'Américain Jay Asher, 13 Reasons Why raconte le mystérieux suicide d'Hannah Baker, une lycéenne, et ses répercussions sur son entourage. Depuis la mort, la jeune fille parle à ses camarades par le biais de cassettes enregistrées de son vivant. Autant d'indices pour aider à expliquer son geste.

Une "histoire tragique, belle et passionnante" pour Selena Gomez, la productrice. Une "glamorisation des tendances suicidaires et un portrait négatif des professionnels aidants" pour la commission scolaire de Hamilton-Wentworth, dans l'Ontario.

Une inquiétude généralisée

"Nous avons recommandé à nos enseignants de ne pas utiliser cette série dans le cadre scolaire", explique la commission dans une lettre adressée aux parents. Si elle reconnaît que "certains étudiants pourraient en bénéficier", elle s'inquiète que d'autres "aient une réaction négative, qu'ils blâment la victime ou d'autres personnages durant les discussions en classe ou qu'ils s'identifient à elle et à l'attention que sa mort a engrangée." La School Mental Health Assist, l'équipe d'appui pour la santé mentale dans les écoles, a fait parvenir un message similaire aux enseignants, comme le rapporte Variety. 

D'autres établissements prennent des mesures plus drastiques: selon CBCNews, le principal d'une école d'Alberta a envoyé un e-mail aux parents d'élèves, les informant qu'il était désormais interdit pour leurs enfants de parler de la série durant les heures de classe.

Les plus hautes autorités concernées

Cette inquiétude s'est propagée jusqu'aux ministères de la Santé et de l'Éducation, comme le rapporte Radio-Canada. Dans une lettre adressée aux personnels des écoles, ils encouragent à la vigilance, donnent des conseils pour répondre aux interrogations des étudiants qui pourraient être concernés et assurent que "Des tentatives de suicides ou des suicides, au Québec et ailleurs dans le monde, seraient déjà rattachés à ces phénomènes."

La ministre déléguée à la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, a quant à elle évoqué le risque que 13 Reasons Why "touche certaines personnes qui sont plus vulnérables que d'autres" dans les colonnes du Journal de Montréal

Netflix réagit

Pour l'équipe créative du show, les critiques semblent infondées. C'est ce que laisse entendre le discours du scénariste Brian Yorkey, dans les pages de Billboard

Beaucoup de gens nous accusent de rendre le suicide glamour et j'ai vraiment l'impression que nous avons fait l'exact opposé. Ce que nous avons fait, c'est représenter le suicide dans tout ce qu'il a de moche et de néfaste."

Selena Gomez s'est elle aussi confiée sur ces retours à l'Associated Press, comme le rapporte ABC : "Oui, les critiques viendront", a-t-elle expliqué. "Ce n'est pas un sujet facile à évoquer, mais je suis heureuse de ce qui se passe et je suis bouleversée, très fière de ce projet." Malgré tout, Netflix a déjà pris des mesures pour atténuer la polémique. Un message d'avertissement devrait être rajouté dès le premier épisode pour prévenir les téléspectateurs du contenu graphique du programme et un site pour venir en aide aux téléspectateurs troublés a été mis en ligne.

Benjamin Pierret