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Roger Waters de retour sur scène: les Pink Floyd étaient "une addiction"

Le co-fondateur de Pink Floyd vient de débuter une nouvelle tournée mondiale. Il se confie à 7 jours BFM sur ses souvenirs du groupe, sa décision de le quitter, et jette un regard très critique sur le monde politique.

Retour sur scène pour Roger Waters. À 74 ans, le membre fondateur de Pink Floyd se lance dans une nouvelle tournée mondiale, "Us + Them", débutée le 13 avril dernier à Barcelone. Un tour de chant durant lequel il reprendra plusieurs de ses plus grands tubes. Ceux créés avec le groupe mythique, et ceux qu'il a signés en son nom; des morceaux issus de son dernier album solo paru en juin 2017, Is This The Life We Really Want?, sont notamment prévus.

Avant ses dates françaises, entre le 9 mai et le 16 juin, le musicien britannique évoque pour 7 Jours BFM la transformation des États-Unis, où il réside, son engagement politique et son passé au sein des Pink Floyd.

"Les couilles" de quitter le groupe

Car le musicien a fait du chemin depuis qu’il s’est séparé de la formation qui a fait son succès. Après avoir écrit Dark Side of The Moon, le troisième album le plus vendu de l’histoire, et signé l’intemporel The Wall, Roger Waters a pris son envol et embrassé une carrière solo en 1985. Une décision qu’il qualifie de "grand moment", pour se défaire de l'"addiction" Pink Floyd:

"C'est une addiction pour toute personne dans un groupe de rock qui a connu un gros succès. Elles deviennent dépendantes à la sécurité du succès. C’est comme vivre dans un lieu inviolable, parce que la marque devient si forte", explique-t-il.

Et de se féliciter: "J’ai eu les couilles de sortir de ce truc-là. Ça a été super important pour moi, et ça m’a permis de me transformer. De jeune homme en colère à apprécier, comme c’est le cas aujourd’hui, beaucoup plus la relation avec le public dans les stades."

Succès et engagement

Pour autant, Roger Waters n’a jamais quitté la scène, ni le succès. Si Is This The Life We Really Want? a paru 25 ans après son prédécesseur (Amused to Death, 1992), ces nouvelles dates interviennent après "The Wall Live", une autre tournée de trois ans qui s’est achevée en 2013 à Paris. Autant d'années de triomphe durant lesquelles il a cultivé son engagement politique, dont il se dit fier:

"J’aime bien me considérer comme faisant partie du groupe de gens qui se défendent tout le temps, qui n’acceptent pas la merde qu’on essaye de nous vendre et qui ne disent pas 'Non, ça c’est trop difficile'. (…) C’est facile de faire cela, jusqu’à ce que tu voies la photo du gamin, du petit Aylan, mort sur une plage en Turquie."

"Vous pouvez répondre différemment à cela", poursuit-il. "Ma réponse, c’est que tout cela est tellement monstrueux que je dois faire tout ce que je peux pour l’empêcher".

Les États-unis? "1934 en Allemagne"

Cet engagement politique s’accompagne d’un regard acéré sur la politique internationale. Roger Waters dresse notamment un portrait au vitriol de l’Amérique de Donald Trump:

"Les États-Unis, c’est comme vivre en 1934 en Allemagne, c’est vraiment ça. La résurgence du nationalisme et de la xénophobie et les relations entre l’État et les corporations rappellent la montée du national-socialisme en Allemagne dans les années 1930", estime-t-il. "Ça écorche les yeux tellement c’est similaire."

La star ne se montre pas plus tendre envers les dirigeants européens et n’épargne pas le président français, condamnant les frappes en Syrie: "Trump, Theresa May, et peut-être votre nouveau gars en France, on ne sait pas encore (...) qui disent 'Je sais quoi faire, allons bombarder la Syrie ou la Bosnie' (…) Ce n’est pas ce qu’il faut faire."

"Ils sont tous trop occupés à graisser des mains et à embrasser des bébés pour arriver au pouvoir", estime-t-il. "Ce sont des sociopathes, tous. Le système est fait pour encourager les sociopathes à prendre les rênes du pouvoir et à tous nous contrôler."

Benjamin Pierret avec Thomas Misrachi