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George Michael, icône gay et chanteur engagé

Le sulfureux chanteur britannique n'hésitait pas à parler ouvertement de son homosexualité, se construisant en marge de son immense carrière le profil d'une icône gay, défenseur des droits des homosexuels.

Son coming out en 1998 fut une libération pour lui. Cette année-là, George Michael, alors âgé de 35 ans, décide de révéler son homosexualité publiquement sur CNN. Une révélation qui fait suite à son arrestation pour attentat à la pudeur dans des toilettes publiques à Los Angeles après un piège organisé par un policier en civil. S'il expliqua par la suite n'avoir pas voulu en parler tant que sa mère vivait (elle disparut en 1997, NDLR), l'artiste, décédé ce 25 décembre, s'est ensuite construit, sans pour autant le chercher, l'image d'une icône gay. Une image parfois écornée par ses frasques et certains scandales, mais qu'il a toujours pleinement assumée, envers et contre tous.

Véritable machine à tubes à la carrière brillante, George Michael est aussi connu pour sa vie personnelle parfois compliquée. A ceux qui le pointaient du doigt, l'artiste répondait en 2009: "Les gens veulent me voir comme un personnage tragique, avec ces relations sexuelles dans les toilettes publiques et la prise de drogues. (...). Je ne vois même plus ça comme des faiblesses. C'est simplement ce que je suis."

"Tant que vous n'avez pas dit 'je suis gay', vous n'avez pas fait votre coming out"

Ce qu'il est, le brillant et provocateur George Michael le dit et l'assume. Au point d'être vu par certains comme un modèle, un porte-drapeau. Pourtant, dans les colonnes du Monde, l'artiste britannique expliquait les difficultés de sa démarche. En 2006, en marge de la sortie du documentaire George Michael, mon histoire, il revenait sur ses questionnements, quelques années plus tôt. 

"Vers l’âge de 19 ans, j’ai failli faire mon coming out, mais la peur d’inquiéter ma mère, alors que nous étions au cœur des années sida, m’a empêché de le faire, expliquait-il. Jusqu’à l’âge de 25-26 ans, je n’étais pas complètement sûr de moi. Une fois que je l’ai été, j’ai commencé à écrire en conséquence, en étant aussi honnête que possible. Mais tant que vous n’avez pas dit 'je suis gay', vous n’avez pas fait votre coming out." 

"Je ne m'excuserai jamais de ma vie sexuelle"

Ami proche d'Elton John, George Michael n'hésitait pas ces dernières années à évoquer longuement son homosexualité dans les différentes interviews qu'il accordait. Dans GQ, il racontait en 2004 avoir eu "l'habitude de coucher avec des femmes lors de la période Wham!". "Mais je n'ai jamais pu développer de véritables relations avec elles, car je savais, qu'émotionnellement, j'étais gay," confiait-il.

Celui qui fit un tube (Outside) en s'inspirant de l'incident qui provoqua son coming out n'a cessé tout au long de sa vie de défendre la cause homosexuelle, soit à travers ses engagements, soit par le biais de ses prises de paroles. Sur son compte Twitter (dont la photo de profil est aux couleurs du drapeau arc-en-ciel du mouvement LGBT), il rappelait sans détours à certains sa façon de penser: "Je ne me suis et ne m'excuserai jamais pour ma vie sexuelle! Le "sexe gay" est naturel, il est bon!"

Lutter contre le sida et les stéréotypes

Icône aux yeux de la communauté gay, George Michael aura toutefois connu une vie amoureuse compliquée, qui lui aura laissé de profondes séquelles. Il perd son premier véritable amour en 1993. Il est styliste brésilien, il s'appelle Anselmo Feleppa et le chanteur l'a rencontré à Rio deux ans plus tôt. Mais celui-ci meurt du sida et cette "terrible perte", comme le confiera plus tard George Michael, le marquera durablement. Il n'hésite d'ailleurs pas dès cette époque à porter le ruban rouge à chacune de ses sorties publiques. Le combat contre le sida devient son combat.

Si l'issue de sa deuxième grande histoire s'avère moins tragique, elle n'en reste pas moins douloureuse pour l'artiste. En 2009, Kenny Gloss et lui se séparent après quinze ans d'une histoire tumultueuse. George Michael s'enferme alors de longues semaines dans sa maison de Highgate à Londres et coupe toute communication avec l'extérieur. Il déclarera au sujet de cette histoire qu'elle lui aura apporté "beaucoup de joie et beaucoup de douleur".

En 2011, dans un entretien à Paris-Match accordé pendant sa tournée française de "Symphonica: The Orchestral Tour", George Michael revenait sur sa volonté de se décrire "sans cesse en tant que gay", notamment pour un artiste britannique: "Je compense, ce pays est si victorien! L'essentiel de la subculture masculine anglaise dominante est gay. Je ­souhaite que les gens comprennent la communauté ­entière." L'interprète de I Want Your Sex espérait lutter contre tous les stéréotypes liés aux gays à travers ses chansons. Elles sont aujourd'hui les traces de son indéfectible combat. 

Fabien Morin