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Bruce Springsteen: la petite histoire de ses plus grands tubes

Barack Obama a remis la Médaille de la Liberté à Bruce Springsteen, le 22 novembre 2016

Barack Obama a remis la Médaille de la Liberté à Bruce Springsteen, le 22 novembre 2016 - Saul Loeb - AFP

Born to Run, The River, Born in the U.S.A., Dancing in the Dark, Streets of Philadelphia... Dans son autobiographie, publiée chez Albin Michel, le Boss dévoile les secrets de ses plus grands tubes.

Bruce Springsteen a sorti, mardi 27 septembre, son autobiographie, Born to Run (ed. Albin Michel). Pendant sept ans, le chanteur et guitariste a consigné, à la main, ses souvenirs depuis son enfance dans la ville de Freehold, dans le New Jersey.

Entre diverses anecdotes, Bruce Springsteen révèle notamment les relations difficiles avec son père, son rejet de la drogue et de l'alcool, ainsi que la dépression qui s'est emparée de lui dans les années 1980. Il explique également l'histoire secrète de chacun de ses grands tubes. 

Born to Run (Born to Run, 1975)

En 1975, Bruce Springsteen a déjà sorti deux albums, Greetings from Asbury Park, N.J. et The Wild, the Innocent and the E Street Shuffle. Son prochain, s'il veut rester sous contrat chez Columbia, se doit d'être un succès éclatant: "Cet album devait être la concrétisation des espoirs placés en moi. Il fallait qu'il soit épique, extraordinaire, et totalement inédit", se souvient-il, avant d'ajouter: "Pour mon nouvel album, j'avais écrit une chanson. Elle s'intitulait Born to run."

Le morceau fut difficile à écrire. "Je l'ai commencé un après-midi et ne l'ai terminé qu'après six mois de tâtonnements et de tribulations", précise-t-il. "Je voulais faire appel aux images classiques du rock'n'roll, route, bagnoles, nanas... les incontournables." Springsteen a puisé son inspiration dans des morceaux de Chuck Berry, de Roy Orbison et de Phil Spector. "Pour que ces images aient un poids, il allait falloir que j'y injecte de la fraîcheur, quelque chose qui transcende la nostalgie, le sentimentalisme et l'impression de déjà-entendu." 

L'enregistrement fut difficile. Columbia souhaitait que les voix soient mises plus en avant. Springsteen a refusé: "Mon idée c'était que le chanteur devait avoir l'air de se battre pour se faire entendre d'un monde qui s'en foutait."

The River (The River, 1980)

Ballade de près de sept minutes très influencée par la country, The River est un hommage à sa sœur Virginia et à son mari. "Ce que la chanson raconte c'est l'effondrement de l'industrie du bâtiment à la fin des années 1970 dans le New Jersey, la récession et la période de vaches maigres que ma sœur Virginia et sa famille avaient vécues, toute cette période où j'ai vu mon beau-frère perdre son boulot bien payé et trimer pour survivre, sans se plaindre."

Sa sœur a été très touchée par The River: "Quand [elle l'a entendu] pour la première fois, elle est venue en coulisses, m'a serré dans ses bras et m'a dit: "C'est ma vie". Ça reste à ce jour la plus belle critique qu'on en ait faite." Selon le chanteur, "The River cristallisait [ses] préoccupations et [l'a] amené à un style d'écriture [qu'il] allait approfondir par la suite avec Nebraska."

Born in the U.S.A. (Born in the U.S.A., 1984)

C'est en lisant un scénario de Paul Schrader, le scénariste de Taxi Driver et de Raging Bull, que Springsteen a eu l'idée de la chanson. Il ne s'en cache pas: "J'ai directement piqué Born in the U.S.A. à la page titre de ce scénario [...] qui racontait les tribulations d'un petit groupe de musiciens jouant dans les bars de Cleveland, Ohio." 

Le chanteur poursuit: "J'ai plaqué quelques accords sur ma Gibson J200 couleur soleil, j'ai feuilleté mon calepin, me suis arrêté pour murmurer le couplet d'une chanson en cours où il était question de soldats de retour du Vietnam. J'ai jeté un oeil à la première page du scénario et j'ai chanté le titre: Born in the U.S.A. Moi aussi j'étais né aux Etats-Unis."

Dancing in the Dark (Born in the U.S.A., 1984)

Dancing in the Dark, qu'il considère comme "une de [ses] chansons pop les plus joliment tournées", lui est venu par hasard, un après-midi, alors qu'il était en retard à une fête. Son producteur, Jon Landau, venait de lui annoncer qu'il manquait un single sur son nouvel album. 

"C'est ce soir-là que j'avais composé Dancing in the Dark, une chanson sur ma propre aliénation, mon épuisement, mon besoin de sortir de mes confinements intérieurs: le studio, ma chambre, mon disque, ma tête. Je voulais... vivre. C'est l'enregistrement et le morceau qui m'ont emmené le plus loin en territoire pop mainstream."

C'est dans le clip de Dancing in the Dark, réalisé par Brian de Palma (Scarface), qu'une jeune comédienne fait sa première apparition à l'écran: Courteney Cox. 

Streets of Philadelphia (Philadelphia soundtrack, 1994)

En 1994, le cinéma fait à nouveau appel à Bruce Springsteen. Le réalisateur Jonathan Demme (Le Silence des Agneaux) lui demande d'écrire une chanson pour son film Philadelphia, l'histoire d'un avocat atteint du sida qui se bat pour conserver son poste. 

"J'avais commencé à écrire des paroles sur la mort d'un ami proche, et j'ai passé quelques après-midi dans mon home-studio de Rumson à tenter d'en faire quelque chose. Jonathan m'avait demandé un titre rock pour l'ouverture du film, mais les paroles que j'avais ne collaient pas sur une musique de ce style. Je me suis mis à bidouiller un truc avec le synthé par-dessus une rythmique hip-hop discrète."

Quelques heures plus tard, le chanteur envoie le titre au réalisateur, tout en ayant conscience de n'avoir pas tout à fait rempli le cahier des charges. Jonathan Demme, qui a testé la musique sur les premières minutes de son film, est charmé par le titre. Bruce Springteen a remporté en 1995 l'Oscar de la meilleure chanson originale pour Streets of Philadelphia.

Jérôme Lachasse