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Paris au cinéma - Quand le 7e Art s'engouffre dans le métro

Gérard Depardieu et Michel Serrault dans Buffet froid de Bertrand Blier

Gérard Depardieu et Michel Serrault dans Buffet froid de Bertrand Blier - Studio Canal

PARIS AU CINEMA - BFMTV.com vous invite chaque semaine à découvrir comment le 7e Art a représenté la Ville Lumière.

C'est l'histoire d'un mec joué par Gérard Depardieu. Un soir, tard, il croise sur le quai du métro La Défense un autre type, joué par Michel Serrault. Un échange surréaliste se noue entre les deux hommes, le premier insistant pour lui prêter son couteau. Quelques scènes plus loin, Depardieu croise affalé contre un mur du métro Serrault, un couteau dans le ventre. Le dialogue surréaliste se poursuit: "Quel effet ça fait?", dit Depardieu. "Un peu comme un lavabo qui se vide", lui répond Serrault

Cette scène, extraite de Buffet froid (1979) de Bertrand Blier, sert de matrice au cinéma des années 1980, qui situera de nombreux films dans le métro parisien, repère de marginaux et de bandits. En 1984, Michel Blanc chante à la station Porte-des-Lilas Marche à l'ombre de Renaud, avant de se faire briser sa guitare par des loubards.

Luc Besson et Subway

En 1985, Luc Besson plantera le décor de son Subway sur les quais du RER A, à Auber et à Opéra. La direction de la RATP imposa au cinéaste des horaires très stricts: de 9h00 à 16h00 et de 1h00 à 5h00. A l'écran apparaissent aussi les stations Etoile (ligne 6), La Motte-Picquet - Grenelle et Dupleix (ligne 6) et Porte de Versailles (ligne 12).

Le film n'a pas été entièrement tourné en décors réels. Comme l'indique le site Paris Fait Son Cinéma, Luc Besson a collaboré avec Alexandre Trauner, le célèbre décorateur d'Hôtel du Nord et des Enfants du Paradis. "C'est le mélange du réel et du fabriqué qui donne au film un intérêt visuel que nous n'aurions pas autrement", a déclaré un jour Trauner.

Christophe Lambert dans Subway
Christophe Lambert dans Subway © Gaumont

Dans Zazie dans le métro (1960), il est sur toutes les lèvres, mais, pas de chance pour Zazie, en ville pour une journée, il est en grève. Arrivée à la station Gare de l'Est, elle trouve les grilles closes. Lors de son périple parisien, elle passera devant le métro aérien à Stalingrad, fermé lui aussi. Dans Charade (1963), Cary Grant poursuit Audrey Hepburn à la station Saint-Jacques (ligne 6). Problème: les couloirs indiquent les directions "Château de Vincennes" et "Pont de Neuilly" - qui sont celles de la ligne 1.

Dans Barres (1984), Luc Moullet met en scène une comédie autour des tourniquets et des portes antifraudes du métro! Dans Une Epoque formidable (1991), Gérard Jugnot y est sauvé par des joyeux sans-abris joués notamment par Richard Bohringer et Ticky Holgado.

La station "fantôme"

Pour tourner dans le métro, il faut se plier à certaines règles et accepter de tourner entre 2h et 5h30, aux heures de fermeture. Certains réalisateurs ont une astuce: se rendre à la station Porte des Lilas-cinéma. Fermée au public, elle a notamment accueilli les tournages de Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, L'Armée du crime de Robert Guédiguian, Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet et Le Concert, de Radu Mihaileanu. 

Ces tournages rapportent environ 200.000 euros par an à la RATP, qui met à disposition une équipe d'une quinzaine de personnes. Pour une journée de tournage, il faut compter entre 15.000 et 18.000 euros. Rebaptisée des dizaines de fois pour le cinéma, la station Porte des Lilas-cinéma est ouverte lors des Journées du Patrimoine. 

Jérôme Lachasse