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Cinéma

Mireille Darc, la femme à la robe fendue

Pierre Richard et Mireille Darc, dans "Le Grand Blond avec une chaussure noire"

Pierre Richard et Mireille Darc, dans "Le Grand Blond avec une chaussure noire" - Capture d'écran YouTube.

Mireille Darc s'est éteinte à 79 ans ce lundi. Il y a 45 ans, elle frappait l'imaginaire du public par une robe fendue dans le dos, qu'elle opposait au regard ébaubi de Pierre Richard dans Le grand blond avec une chaussure noire. Une scène qui doit tout à l'initiative de l'actrice.

"Bonsoir", pose sobrement Christine en accueillant François Perrin. "Ça s'est bien passé le concert?" Entre ces deux répliques d'une scène du Grand blond avec une chaussure noire, un événement vient de bouleverser le cinéma français, en cette année 1972. Christine, jouée par Mireille Darc, qui s'est éteinte ce lundi, a profité de l'intervalle pour tourner négligemment le dos à François Perrin, interprété par Pierre Richard, et son intimidante robe de soirée noire est devenue un vêtement incendiaire échancré des épaules jusqu'à la naissance des fesses. Pierre Richard, étourdi, roule des yeux et répond par un grognement.

Et il ne faisait là que jouer à moitié: l'actrice n'avait pas dévoilé à son partenaire la particularité de cette tenue avant la scène et celui-ci a donc découvert le tout devant les caméras. Comme le Huffington Post le dit ici, Pierre Richard a déclaré plus tard que le réalisateur Yves Robert lui avait glissé plus tard: "Ton oeil était extraordinaire quand tu l'as vu pour la première fois".

"Jusqu'à ce que ça devienne indécent"

Yves Robert n'y était pour rien dans cette trouvaille esthétique qui devait tout, au contraire, à la comédienne. Ouest France s'est souvenu ici d'un entretien accordé en janvier 2016 par Mireille Darc au magazine de TF1 50 Minutes Inside. Elle était revenue sur l'origine de son idée: "Je n’avais que huit jours de tournage. Ce n’est pas beaucoup. Je me dis alors comment on va pouvoir se souvenir du moi? Il fallait que je me trouve quelque chose de formidable." C'est le cas. Elle se rend alors chez le couturier Guy Laroche, qu'elle compte parmi ses amis.

Olivier Gabet, directeur du musée des arts décoratifs, qui a d'ailleurs hébergé la robe il y a quelques mois lors d'une exposition, raconte la suite sur le site d'Europe 1: "Elle se retrouve chez le couturier Guy Laroche, dans les ateliers, et demande, parce qu'elle n'a pas de seins, dit-elle, qu'on lui fasse un décolleté du dos. Elle demande de descendre le plus bas possible, jusqu'à ce que ça devienne indécent."

"Il y a eu un tel silence"

Ravie du résultat, elle amène la robe sur le plateau de tournage et la déroule devant Yves Robert. Avec ce tissu "indécent", elle a cependant peur d'être allée trop loin, retraçait-elle encore en 2016 auprès de TF1: "Lorsque je suis arrivée et que j’ai présenté la robe au metteur en scène, le plateau s’est arrêté. Il y a eu un tel silence que je me suis dit 'je me suis plantée'".

Mais non, elle ne s'est pas plantée. Les 3.400.000 spectateurs, environ, qui vont voir le film en salle sont là pour la détromper. Les millions qui les suivront les années suivantes au gré des diffusions télévisées également. Cet article de Télérama cite une remarque de Pierre Richard, comme un clin d'oeil: "La première vision que j’ai eue de Mireille Darc c’est d’abord ses yeux… et puis la raie de ses fesses." Les décennies qui ont succédé au Grand blond avec une chaussure noire ont permis de compléter cette image sublime bien que réductrice.

Robin Verner