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La Fille de Brest: quand le cinéma s'inspire de la réalité

Sidse Babett Knudsen et Benoît Magimel dans "La fille de Brest".

Sidse Babett Knudsen et Benoît Magimel dans "La fille de Brest". - Caramel Films

L'actualité est un terreau idéal pour le cinéma. Alors que sort ce mercredi La fille de Brest, inspiré de l'affaire du Mediator, retour sur les grandes affaires judiciaires portées sur grand écran.

Quelle meilleure matière pour le cinéma que la réalité? Faits divers, affaires jamais élucidées, grands procès, ou comme avec La fille de Brest, scandales sanitaires, le cinéma est plus que jamais en phase avec l'actualité.

Le 7e art américain a une grande tradition de films inspirés de l'histoire, avec des oeuvres comme Les hommes du président sur le Watergate, Erin Brokovich ou plus récemment Spotlight sur le scandale des prêtres pédophiles.

En France aussi, le cinéma a bien souvent trouvé matière dans les pages faits divers des quotidiens. Voici quelques films, inspirés de grandes affaires récentes.

> L'affaire Romand

Le romancier Emmanuel Carrère en a d'abord tiré un roman en 2000, L'adversaire. Deux films s'en sont inspirés. Il faut dire que l'histoire de Jean-Claude Romand, qui a menti à son entourage et sa famille pendant plus de 20 ans, avant d'assassiner froidement ses parents, sa femme et ses enfants, sort de l'ordinaire. Faisant croire à tous qu'il était médecin à l'OMS alors qu'il n'a jamais été diplômé (il s'est arrêté en 2e année de médecine), il escroque ses parents, ses beaux-parents et ses amis pour vivre. En janvier 1993, il tue les siens, qui étaient sur le point de tout découvrir.

L'emploi du temps, de Laurent Cantet, sorti en 2001, avec Aurélien Recoing dans le rôle de Jean-Claude Romand est une adaptation assez libre de l'affaire. L'adversaire, de Nicole Garcia est directement tiré du roman d'Emmanuel Carrère, qui en a aussi signé le scénario. Daniel Auteuil y incarne Jean-Claude Romand.

> L'affaire Agnès Le Roux

Agnès Le Roux, riche héritière d'une famille propriétaire d'un complexe hôtelier, disparaît fin 1977. Son corps ne sera jamais retrouvé. Très vite les soupçons se portent sur son amant, l'avocat niçois Maurice Agnelet. Radié du barreau, il fuit au Canada. Plusieurs revirements de situations plus tard, Maurice Agnelet est condamné pour assassinat, après avoir d'abord été acquitté. Maurice Agnelet a toujours nié avoir assassiné Agnès Le Roux.

Pour incarner Maurice Agnelet dans L'homme qu'on aimait trop, d'André Téchiné, en 2014, Guillaume Canet a voulu rencontrer l'homme, qui purge toujours sa peine de prison et dont le pourvoi en cassation a été rejeté en juillet 2015. L'acteur et le détenu ont échangé des conversations téléphoniques.

> La fausse agression antisémite dans le RER

Il n'aura fallu que trois jours à Marie-Léonie Leblanc, jeune femme âgée de 23 ans, pour tout avouer. En juillet 2004, elle avait assuré avoir été la victime d'une agression antisémite sur la ligne D du RER. De jeunes gens d'origine maghrébine lui auraient volé son portefeuille, mais aussi tailladé le visage et dessiné des croix gammées sur le ventre. Dans les médias et la classe politique, l'emballement est immense, à la hauteur de l'émotion que suscite l'affaire. Pourtant, Marie-Léonie Leblanc a tout inventé.

L'affaire inspire à André Téchiné en 2009, La fille du RER. Emilie Dequenne y incarne Jeanne Fabre, double de fiction de Marie-Léonie Leblanc.

> L'affaire du gang des barbares

En janvier 2006, Ilan Halimi, un jeune homme de 24 ans travaillant dans un magasin de téléphonie mobile est enlevé. Ses ravisseurs, une vingtaine de jeunes menés par Youssouf Fofana, demandent une forte rançon à ses parents, persuadés qu'ils ont de l'argent puisqu'ils sont juifs. Pendant trois semaines, il sera torturé et affamé par ceux que l'on a surnommé le "gang des barbares". Retrouvé sur les voies du RER C, il succombe à ses blessures.

Deux réalisateurs ont livré leur version de l'affaire Ilan Halimi. Le premier, Alexandre Arcady, a tourné 24 jours, sorti en 2014, tiré de du récit de Ruth Halimi, la mère d'Ilan, 24 jours, la vérité sur la mort d'Ilan Halimi. Zabou Breitman est la mère d'Ilan dans le film. Richard Berry a lui réalisé, deux ans après, Tout, tout de suite, dans lequel il incarne le père d'Ilan Halimi. Le film est tiré du "roman de faits" de Morgan Sportès, à qui l'on doit aussi L'Appât.

L'affaire, ou plutôt ses suites, a enfin inspiré un troisième film intitulé Eperdument, sur l'histoire d'amour nouée en prison entre Sorour Arbabzadeh, qui a servi d'appât pour piéger Ilan Halimi, et le directeur de la maison d'arrêt pour femmes de Versailles, Florent Gonçalves. Les amants sont incarnés par Guillaume Gallienne et Adèle Exachopoulos.

> L'affaire Philippe Berre

C'est l'histoire d'un imposteur. Philippe Berre s'est fait passer en 1997 pour un ingénieur chargé de construire pour une grosse société un tronçon d'autoroute dans la Sarthe. Il parvient à berner tout le monde pendant un mois, commence à recruter du personnel, commander des matériaux et des engins... pour des travaux qui ne commenceront jamais. Il a été condamné à cinq ans de prison.

Xavier Giannoli, en a tiré un film librement inspiré de l'affaire, A l'origine, en 2009, avec François Cluzet, dans le rôle de Philippe Berre (renommé dans le film Philippe Miller).

> L'affaire du tueur de l'Est parisien

Guy Georges a violé de nombreuses victimes à Paris, dans les années 1980 et 1990. Il en assassiné sept d'entre elles. Surnommé par la presse "Le tueur de l'Est parisien", Guy Georges est finalement arrêté en 1998 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2001.

En janvier 2015, L'affaire SK1 de Frédéric Tellier, retrace la traque du tueur par la police, jusqu'à son arrestation, puis son procès aux assises de Paris. Adama Niane, l'acteur qui incarne le meurtrier a avoué à BFMTV avoir "un peu de mal à voir le film". Raphaël Personaz joue, lui, un des enquêteurs, tandis que Nathalie Baye est l'avocate qui a défendu Guy Georges.

> L'affaire Flactif

Le 11 avril 2003, la famille Flactif, le père la mère et leurs trois enfants, résidant au Grand-Bornand en Haute-Savoie, disparaissent. Ce sont des traces ADN qui permettront en juillet 2003 d'élucider le mystère de leur disparition et de découvrir l'assassin. Les analyses pointent vers un couple locataire d'un des chalets des Flactif, les Hotyat. Ils passent vite aux aveux et évoquent une dispute motivée par la jalousie et l'envie, qui a mal tourné.

Possessions, d'Eric Guirado retrace en 2011 cette histoire, avec Julie Depardieu et Jérémy Renier dans le rôle des assassins.

> L'affaire du tueur de l'Oise

Les faits remontent à 1978. Plusieurs crime ont lieu dans l'Oise. L'enquête mettra d'autant plus de temps à trouver le coupable que c'est l'un des enquêteurs, un gendarme, qui est l'assassin. Déclaré irresponsable de ses actes, le gendarme Alain Lamare n'a jamais été jugé. Il est interné en centre hospitalier spécialisé.

En 2014, Guillaume Canet campe l'inquiétant gendarme, rebaptisé Franck Neuhart, dans La prochaine fois je viserai le coeur, de Cédric Anger.

> L'affaire Omar Raddad

L'affaire a défrayé la chronique en 1991. Ghislaine Marchal est retrouvée morte chez elle, dans les hauteurs de Mougins. Sur le mur, une inscription écrite avec le sang de la victime: "Omar m'a tuer". Omar Raddad, le jardinier de Ghislaine Marchal est reconnu coupable. L'homme, qui a toujours clamé son innocence, a obtenu la grâce présidentielle en 1996. L'affaire ne cesse de connaître des rebondissements, jusqu'en octobre dernier, où de nouvelles analyses ADN ont livré de nouvelles pistes.

En 2007, Roshdy Zem s'est inspiré du livre coécrit par Omar Raddad, intitulé Pourquoi moi?, pour réaliser son film Omar m'a tuer. C'est Sami Bouajila qui y campe Omar Raddad.

Magali Rangin