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Cinéma

L'équipe de 120 Battements par minute en campagne pour les Oscars

L'équipe de "120 battements par minute" en mai 2017 à Cannes

L'équipe de "120 battements par minute" en mai 2017 à Cannes - Albert Pizzoli - AFP

Le film, qui a remporté le grand prix du Jury lors du dernier Festival de Cannes, se lance désormais dans la course aux Oscars.

"Je ne sais plus trop où j'habite" plaisante Robin Campillo. Depuis la première à Cannes et le grand prix du Jury remporté pour 120 battements par minute, le réalisateur et ses acteurs ont sillonné la planète. Ils se retrouvent à Hollywood en campagne pour les Oscars, leur poignant long-métrage au pic des années sida représentant la France dans la course pour le prix du meilleur film en langue étrangère.

Succès en salle

BPM (son titre en anglais) retrace le combat d'Act-Up, une organisation de lutte pour les droits des malades du sida qui a choisi de choquer par des actions spectaculaires afin de faire avancer les choses.

Si l'on veut que 120 battements par minute touche le plus vaste public aux Etats-Unis, ce serait "mieux qu'il soit nominé, et encore mieux qu'il ait l'Oscar. Je pense toujours en termes de visibilité sur un film qui n'est pas simple", remarque le cinéaste de 55 ans.

"Il est un peu long, touche à des minorités, on y parle beaucoup de médicaments, il y a des scènes de sexe entre garçons", énumère-t-il lors d'un entretien à l'AFP. Et malgré ces aspects a priori pas très "grand public", son drame biographique a rencontré un large succès en salles.

Un événement en soi

Au côté de ses acteurs, Campillo découvre aujourd'hui le délicat exercice des campagnes hollywoodiennes destinées à séduire les très sollicités membres de l'Académie des arts et science du cinéma, qui décerne les prestigieuses statuettes - 92 titres sont en lice rien que pour le prix du meilleur film en langue étrangère, et la sélection finale sera connue en janvier seulement.

En France, lors de rencontres avec le public ou les professionnels, "on va parler du film artistiquement, comment on l'a construit, comment on l'a interprété, etc. Ici, dans ces soirées où on rencontre des gens, des journalistes, des votants de l'Académie, il y a une petite conversation sur le film, sur comment cela les a impressionnés etc... et très vite on glisse vers un truc beaucoup plus personnel: où on habite à Paris? Est-ce qu'on aime Hollywood? Est-ce qu'on est déjà venus à Los Angeles?", raconte Arnaud Valois, l'un des principaux acteurs du film.

"Ce qui me surprend le plus, c'est que normalement, les campagnes c'est très tabou, mais celle des Oscars c'est comme un événement en soi, ça fait partie du système, donc il faut être très sincère", poursuit l'acteur argentin Nahuel Perez Biscayart, la révélation de 120 Battements par minute.

"On n'aborde pas trop le contenu du film parce qu'on sait pas trop si les gens l'ont aimé ou pas, mais ce qu'on a compris, c'est qu'ils aiment bien rencontrer les gens qui font des films", poursuit le comédien âgé de 31 ans.

Les jeunes spectateurs "hyper touchés par le côté politique"

Le film provoque partout des réactions très émotionnelles. "Chaque pays se l'approprie au regard de sa propre expérience par rapport au sida et ces années-là", remarque l'acteur Arnaud Valois. A New York, où la vaste communauté homosexuelle a été dévastée à l'époque, "c'était très fort, il y a eu une projection avec des anciens militants de l'époque. Comme Act-Up Paris était inspiré d'Act-Up New York, j'avais l'impression qu'on rendait un peu à cette communauté" ce qu'elle nous a donné, confie Robin Campillo.

Aux Etats-Unis, beaucoup de jeunes spectateurs ont été "hyper touchés par le côté politique du film, le collectif", remarque Nahuel Perez Biscayat.

"Les gens peuvent être assez radicaux sur Facebook, publier des textes (...) très utopistes etc... Mais cela ne crée aucune mobilisation parce que les gens ne se rencontrent pas en chair et en os, et que la politique c'est aussi une affaire de corps, d'investissement des corps dans l'action", conclut Robin Campillo.

N.B. avec AFP