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Cinéma

L'Atelier: après Entre les murs, le grand retour de Laurent Cantet au Festival de Cannes

Matthieu Lucci, le réalisateur Laurent Cantet et Marina Foïs au Festival de Cannes, le 22 mai.

Matthieu Lucci, le réalisateur Laurent Cantet et Marina Foïs au Festival de Cannes, le 22 mai. - VALERY HACHE / AFP

Présenté à Cannes dans la catégorie Un certain regard, L'Atelier dresse le portrait d'une jeunesse désœuvrée du sud de la France tentée par les extrêmes, à travers les yeux d'une romancière parisienne.

Neuf ans après le triomphe d'Entre Les Murs, récompensé de la Palme d'or au Festival de Cannes 2008, Laurent Cantet fait cette année son grand retour sur la Croisette avec L'Atelier. Dans ce long-métrage, présenté dans la catégorie Un certain regard, il met Marina Foïs face à une équipe de jeunes acteurs débutants pour raconter l'histoire d'Olivia, une romancière parisienne qui passe un été à La Ciotat pour animer un atelier d'écriture pour des jeunes en insertion. 

Un choc des cultures cristallisé par le rapport trouble qui s'installe entre la romancière reconnue et Antoine (Matthieu Lucci), l'un des jeunes du groupe, particulièrement récalcitrant au programme d'écriture. 

"Elle est séduite, elle a peur de lui, elle a peur pour lui. Et elle l'intéresse car elle écrit un livre et il peut lui servir de matière première pour ce livre...", explique Laurent Cantet à l'AFP.

Intimiste et politique

Des jeunes perdus, une représentante du monde de la culture bien intentionnée mais impuissante et un dialogue stérile: la trame de base n'est pas sans rappeler Entre Les Murs, dans lequel un professeur de français d'un collège difficile tentait d'établir le contact avec ses élèves. Cette thématique, chère au réalisateur, se joint ici à un constat politique: l'attrait des extrêmes aux yeux des jeunes en mal d'avenir.

L'intrigue du roman qu'Olivia tente d'écrire avec ses élèves s'intéresse à l'ancien chantier naval de la ville. Un passé qui n'intéresse pas beaucoup Antoine, lui-même fils d'ouvrier, adepte de jeux vidéos. Le réalisateur, à travers cette rencontre, s'intéresse à la sensibilité nationaliste de son personnage principal et à ce qu'elle inspire chez la romancière. Un face-à-face "méchant, agressif, sensuel" selon Le Monde, que les spectateurs pourront découvrir en salles le 11 octobre prochain. 

Rencontre des styles

Interrogée par Le Parisien, Marina Foïs évoque sa rencontre avec les jeunes acteurs avec qui elles partagent l'affiche, "recrutés à la sortie des écoles" selon le quotidien:

"Ce qui était très joyeux quand on jouait, même si le scénario était très écrit, c'est qu'avec eux rien n'était jamais en place. C'était toujours vivant. Ils m'ont réveillée", s'enthousiasme celle qui vante également leur "énergie". 

Alors que Télérama évoque un film "le plus intelligent et le plus honnête possible sur le fossé qui s'est créé entre les intellectuels et cette jeunesse française qui comble son vide existentiel (...) par des tentations extrémistes", nul doute que L'Atelier, comme Entre les murs avant lui, trouvera son public à Cannes et ailleurs. 

Benjamin Pierret