BFMTV
Cinéma

Isabelle Adjani: "J'ai souvent entendu: 'toutes des salopes de toute façon, ces actrices'"

Isabelle Adjani lors de la cérémonie des Césars en 2010

Isabelle Adjani lors de la cérémonie des Césars en 2010 - Bertrand Guay - AFP

En marge de l'affaire Weinstein, des actrices dénoncent la misogynie ambiante dans le showbiz, aux Etats-Unis, mais aussi en France.

Avec les révélations de l'affaire Weinstein, tout un système de harcèlement sexuel, émaillé d'agressions et de viols, et bâti sur le silence de tout Hollywood apparaît au grand jour. Chaque jour apporte son lot de nouveaux témoignages d'actrices, agressées par le producteur américain. 

Aujourd'hui, les actrices victimes de Harvey Weinstein ne sont pas les seules à dénoncer le système. Pour Emma Thompson, le cas Weinstein n'est que la partie émergée de l'iceberg. Et "cela fait partie du monde des femmes depuis des temps immémoriaux".

"En France, c'est autrement sournois"

En France, Isabelle Adjani raconte la même chose ce dimanche dans le JDD. Elle décrit un monde du spectacle dans lequel il est normal qu'une actrice doive de temps en temps coucher pour réussir.

"Pour la plupart des gens, si une actrice doit coucher pour y arriver, ça reste naturel, voire normal, selon l'idée qu'il faut bien donner un peu de soi quand on veut obtenir beaucoup. Et cette question est trop peu souvent considérée sous l'angle du harcèlement et du viol: 'Et quand bien même, ne l'aurait-elle pas un peu cherché, elle qui affiche et montre son corps dans des tenues sexy, glamour, affriolantes?'".

Si le scandale a éclaté aux Etats-Unis, grâce à des articles publiés dans le New Yorker et le New York Times, la situation n'est pas plus reluisante en France.

"Toutes des putes"

"En France, c’est autrement sournois, assure l'actrice. En France, il y a les trois G: galanterie, grivoiserie, goujaterie. Glisser de l’une à l’autre jusqu’à la violence en prétextant le jeu de la séduction est une des armes de l’arsenal de défense des prédateurs et des harceleurs".

"Dans les maisons de production ou chez les décideurs, j'ai souvent entendu: "Toutes des salopes, toutes des putes de toute façon, ces actrices !", assène Isabelle Adjani.
Magali Rangin