BFMTV
Cinéma

Fresque des années sida, 120 battements par minute bouleverse le Festival de Cannes

120 battements par minute

120 battements par minute - Memento Films Distribution

L'histoire d'amour entre Sean, malade du sida, et Nathan, qui ne l'est pas, a conquis le public cannois.

La Croisette a été bouleversée ce samedi par la présentation de 120 battements par minute. Ce film coup de poing du Français Robin Campillo raconte le début de la lutte contre le sida en France, à travers le combat de l'association Act Up. Là où de nombreux films sur l'épidémie qui a fait des ravages dans la communauté homosexuelle s'attardent sur des destins individuels (comme Philadelphia avec Tom Hanks), Robin Campillo fait le pari du collectif et livre un film politique, en lice pour la Palme d'or.

"Au début de l'épidémie, les gens ont vécu dans leur coin. Avec Act Up, des malades ont voulu casser la malédiction intime pour rendre la maladie plus visible et mettre les politiques face à leurs responsabilités", a raconté le réalisateur.

Ne plus subir l'épidémie

Act Up, c'était "ne plus subir l'épidémie, en être aussi acteur", explique celui qui a été militant de l'association, connue pour ses slogans choc et ses opérations spectaculaires telles que les "die in", avec des participants s'allongeant par terre et faisant les morts.

De la mort, il est bien évidemment question, mais c'est surtout le combat contre l'indifférence, les laboratoires et la maladie qui passe au premier plan.

"Le film ne donne pas de conseils mais rappelle juste ce rassemblement de gens contre cette épidémie qui ont construit une conscience et des luttes politiques", souligne Robin Campillo.

"C'est très difficile de créer un mouvement politique. Ca prend quand ce sont des luttes, et moins des causes, surtout quand les corps sont concernés. Cela a été le cas pour l'avortement et le sida", a-t-il estimé samedi en conférence de presse.

Sur un air de house music

De l'aventure Act Up, il a voulu restituer les opérations spectaculaires à coup de jets de poches de faux sang, les débats tendus pour décider des actions à mener, des positions à adopter et des avancées médicales... Mais il montre aussi le sexe, l'amour, les gay pride et les soirées exutoire au son de la musique house, qui donne son titre au film. 

"Une musique inquiète comme la maladie et l'époque", souligne le réalisateur des Revenants et d'Eastern Boys. "Elle permet de se replonger dans les années 90 mais on ne cherche pas à faire film d'époque".

"En interpellant les politiques avec des actions fortes et symboliques, Act Up a joué un rôle fondamental", se souvient Jean-Luc Romero, premier homme politique français à avoir révélé sa séropositivité. "A l'époque, ils étaient dans l'urgence et pensaient mourir".

"J'espère que des films comme celui-là vont aider à démontrer que pour que les politiques agissent, il faut la pression des gens", souligne l'actuel président de l'association des élus contre le sida.

Sean et Nathan

En plus de deux heures, 120 battements par minute montre un activisme mené bien avant l'ère des réseaux sociaux, mais ne verse ni dans la nostalgie, ni dans le documentaire, probablement car il fait la part belle à l'histoire d'amour entre Sean, malade du sida, et Nathan, qui ne l'est pas. 

En plus de la maladie qui s'invite immédiatement dans leur couple, 120 battements par minute met en avant la radicalité de l'un et la fascination de l'autre. Encore peu connus, les acteurs Nahuel Pérez Biscayart (vu dans Grand central de Rebecca Zlotowski) et Arnaud Valois crèvent l'écran, aux côtés d'Adèle Haenel, également au casting.

Premier des quatre long-métrages français de la compétition cannoise, 120 battements par minute sera sur les écrans fin août en France.

N.B. avec AFP