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Frédérique Bel: "Angélique Marquise des Anges, c’est mes premiers rêves érotiques"

Frédérique Bel dans Sales Gosses, en salle mercredi 19 juillet.

Frédérique Bel dans Sales Gosses, en salle mercredi 19 juillet. - Copyright Roger Do Minh

ENTRETIEN - L’actrice joue une chef de colo autoritaire dans Sales gosses, une comédie estivale en salles ce mercredi 19 juillet.

Un an après Les Visiteurs 3: La Révolution, Frédérique Bel revient dans une nouvelle comédie, Sales Gosses. Porté par Thomas Solivéres, Albert Delpy, Michele Moretti et Liliane Rovere de Dix pour cent, Sales gosses suit les mésaventures d'une colonie de vacances pour retraités. L'actrice de La Minute Blonde y incarne Sophie Bonheur, la responsable autoritaire de la colonie.

A cette occasion, BFMTV.com l'a rencontrée et l'a interrogée sur les coulisses de Sales gosses, sa rencontre sur le tournage avec une de ses idoles: l'actrice fétiche de Pedro Almodovar Carmen Maura, ses modèles en comédie et sa passion pour Angélique Marquise des Anges, dont l'auteure, Anne Golon, vient de mourir.

Il y a dix ans, vous êtes apparue dans Camping (2006) de Fabien Onteniente. Depuis vous avez fait Safari (2009), Hôtel Normandy (2013) et maintenant Salles gosses. Vous êtes la spécialiste des films de vacances!

Oui. Je trouve ça super de faire rêver les gens, de les emmener en vacances… Ça fait vraiment partie du métier. C’est pour cette raison que j’aime le cinéma populaire. Je ne suis pas du tout élitiste. Je trouve que le mot "populaire" est très positif.

Vous jouez un personnage qui s’appelle Sophie Bonheur...

… C’est très drôle, ce genre de nom! Ça me fait penser à Chantal Goya (rires). Mon personnage est là pour amuser la galerie, puis on se rend compte que c’est une nana un peu vénale, qui abuse un peu de ses retraités. C’est intéressant de jouer une femme autoritaire. On me propose rarement ce genre de rôle. On m’appelle surtout pour ma folie, mon côté décalé. Depuis que je suis brune et Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? (2014), on me propose des rôles un peu plus sombres. Le 2 août sort Crash Test Aglaé, une comédie dramatique avec Julie Depardieu et Yolande Moreau où je joue une mère indigne qui se drogue…

Vous aviez déjà joué des rôles sombres auparavant, notamment dans Les Nuits rouges du Bourreau de Jade.

Ah oui! J’ai fait ce film fétichiste il y a quelques années, c’est vrai, mais il n’a pas vraiment été exploité en France. C’était plutôt un film international qui visait un marché international. Il est assez peu connu en France, parce que c’est un film fétichiste. C’est une niche. Mais, oui, j’avais commencé à faire des films un peu plus sombres avant de devenir brune. A la rentrée, je suis dans une grosse série pour TF1, La Mante. Je ne veux pas spoiler le film, mais j'y joue un rôle assez effrayant…

Comment s’est déroulé le tournage de Sales gosses

On a vraiment été dirigés au cordeau. On a eu la chance d’avoir quelqu’un qui connaît les affres et les envies des acteurs: le réalisateur Frédéric Quiring est lui-même un acteur [il a notamment joué Nicolas Sarkozy dans le téléfilm H.B. Human Bomb - Maternelle en otage, NDLR]. Frédéric a un grand sens du rythme, ce qui est parfait pour la comédie! C’est un film qui va très vite, où l’on ne s’ennuie jamais. Sur le tournage, on a eu affaire à des acteurs comme Michèle Moretti, Albert Delpy, Carmen Maura, etc. qui ont eu une très belle carrière. Ce que j’ai remarqué, c’est que ce sont des gens qui sont très détendus, qui savent faire leur métier, qui ne sont plus du tout dans la compétition. C’est très instructif de voir leur concentration. Ils se laissaient beaucoup de place les uns les autres. Le problème des films choraux, vous savez, c’est que tout le monde se pousse un peu du coude. Là, non. Il y avait vraiment une osmose.

Comment est Carmen Maura?

J’ai été très contente de jouer avec elle. C’est quand même l’actrice fétiche de Pedro Almodvar. Je pense que j’ai été l’actrice qui l’a le plus saoulée sur le tournage avec des questions sur le tournage de Femmes au bord de la crise de nerf (1989), parce que je suis une grande fan. Quand elle joue, elle est d’un naturel inouï. C’est un truc de fou. On a beaucoup à apprendre de comédiennes comme elle…

En 2014, vous avez déclaré à Grazia que vous aviez "ouvert la porte à un humour féminin, destroy et sexy". Où en est-il aujourd’hui, cet humour? Qui sont vos descendantes?

J’aime beaucoup Blanche Gardin, par exemple. Elle est plus dans le côté destroy. L’humour trash, quand il est bien fait, peut vraiment être fin et raffiné. J’aime bien Bérengère Krief. Je trouve qu’elle a un côté frais, très rentre-dedans aussi. Ornella Fleury, que j’ai vue en spectacle, est très rigolote aussi. Il y a vraiment de très bonnes actrices dans le créneau de l’humour en ce moment.

Qui sont vos modèles en comédie?

Diane Keaton, dans tous les Woody Allen. C’est une actrice qui m’a montré le chemin de l’autodérision. Elle se moquait d’elle-même, elle s’en fichait d’être ridicule. Je pense que la base, c’est ça. Chantal Lauby, aussi, avec Les Nuls: cette femme au milieu d’hommes était d’une grande beauté... Elle avait cette classe légendaire... Elle pouvait dire n’importe quoi, elle n’était jamais vulgaire. Ce sont ces femmes qui m’ont inspirée. Après, évidemment, j’ai mis un peu de Brigitte Bardot, de Barbarella dans mon personnage. Un peu d’Angélique Marquise des Anges aussi. Je trouvais que c’était un personnage ultra sexy.
Angélique Marquise des Anges, c’est mes premiers rêves érotiques: je rêvais de lui ressembler et de me faire fouetter nue dans le désert en criant "Geoffrey!" C’est la scène la plus érotique que j’ai vue dans mon enfance. C’est grâce à ça que j’ai voulu faire ce métier, faire ce rôle de blonde, ce personnage érotique et drôle et politique et intelligente. C’était pour montrer que l’on peut être tout cela en même temps. Le problème, c’est que l’on est dans une société qui nous dit que dès que l’on est un peu sexy, on ne peut pas être intelligente. On vit dans un milieu assez misogyne.

Jérôme Lachasse