BFMTV
Cinéma

Festival de Cannes: Okja, film Netflix, accueilli par des sifflets

-

- - -

Le film du Coréen Bong Joon-ho, produit par Netflix, a connu une projection mouvementée, ce vendredi matin au Festival de Cannes.

Okja du Sud-Coréen Bong Joon-ho, premier film Netflix en lice pour la Palme d'or au centre d'une polémique, a connu un début de projection mouvementé vendredi à Cannes avec une interruption de plusieurs minutes pour un problème technique et des sifflets

A la première projection du film au Grand Théâtre Lumière du Palais du Festival, le rideau n'était pas complètement levé sur l'écran et en masquait les 3/5è, comme par exemple la tête de l'actrice principale, Tilda Swinton.

Dans la salle, où avaient pris place de très nombreux spectateurs pour cette première très attendue et controversée, sifflets et applaudissements ont fusé pour alerter les techniciens du théâtre.

"Ha! c'est vraiment pas fait pour le cinéma"

"Ha! c'est vraiment pas fait pour le cinéma", s'est exclamé un spectateur dans une allusion à la plateforme américaine aux 100 millions d'abonnés tandis qu'un autre critiquait "une bande d'incompétents". La projection a repris après 7 à 8 minutes d'interruption.

Tout au début du générique, le logo Netflix avait été accueilli par des sifflets, selon la même source. Les organisateurs du festival ont publié un communiqué pour s'excuser ce couac, indiquant: "Cet incident est uniquement dû aux services techniques du Festival qui présente ses excuses au réalisateur et à ses équipes, aux producteurs ainsi qu'aux téléspectateurs de la séance".

Ce mauvais départ n'a pas empêché le film de s'achever sous les applaudissements de l'assistance enthousiaste, comme en témoignent des journalistes présents dans la salle.

Bras de fer

Depuis l'annonce de la sélection d'Okja et de l'autre film distribué par Netflix, The Meyerowitz Stories, réalisé par Noah Baumbach et qui sera en lice dimanche, un bras de fer oppose la plateforme américaine aux défenseurs des salles de cinéma.

Le géant du streaming aux 100 millions d'abonnés ne prévoit pas de sortir dans les salles françaises ses deux opus. Ce qui a eu le don de bousculer le milieu du 7e art et de scandaliser les exploitants des salles françaises.

Sous la pression, les organisateurs du festival ont modifié leur règlement, imposant à partir de 2018 que tout film en compétition s'engage à sortir en salles.

Un énorme paradoxe

Et mercredi, lors de la présentation à la presse du jury, c'est son président, l'Espagnol Pedro Almodovar lui-même, qui a relancé la polémique.

Le réalisateur de 67 ans a estimé que la Palme d'or devrait sortir en salles. "Ce serait un énorme paradoxe que la Palme d'or ou un autre prix décerné à un film ne puisse pas être vu en salles", a-t-il dit.

Une pression mise sur Netflix qu'a tenté de desserrer un de ses jurés, la star américaine Will Smith, exprimant une position plus nuancée. "Chez moi, Netflix est utile car (les gens) peuvent voir des films qu'ils n'auraient pas pu voir autrement", a-t-il plaidé, sans préciser que son prochain film Bright est produit par ce nouvel acteur majeur de la production cinématographique.

Okja, film fantastique, dont l'immense affiche trône en face du Palais des festivals, annonçant sa diffusion le 28 juin sur Netflix, évoque l'amitié d'une petite fille avec un animal imposant, génétiquement modifié, sur lequel une multinationale tente de mettre la main.

Au côté de la Britannique Tilda Swinton (Only Lovers Left Alive), c'est Jake Gyllenhaal (Prisoners) qui est à l'affiche de ce deuxième opus "américain" du Sud-Coréen Bong Joon-ho après Le transperceneige.

Il s'agit d'"un film très politique sous ses aspects de comédie, qui revisite (...) la manière dont on exploite les animaux", avait souligné Thierry Frémaux, le délégué général du festival, en annonçant sa présence en compétition.

Pour le patron de Netflix, Reed Hastings, Okja est un "film incroyable que les salles de cinéma veulent empêcher de faire partie de la compétition à Cannes", écrivait-il la semaine passé sur Facebook au plus fort de la polémique.

la rédaction avec AFP