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Cinéma

Diversité: des réalisatrices demandent la mise en place de quotas à Hollywood

Les réalisatrices Gwyneth Horder-Payton, Liza Johnson, Rachel Goldberg, Meera Menon, Steph Green, Alexis Ostrander et Maggie Kiley durant une conférence à Beverly Hills le 9 août 2017

Les réalisatrices Gwyneth Horder-Payton, Liza Johnson, Rachel Goldberg, Meera Menon, Steph Green, Alexis Ostrander et Maggie Kiley durant une conférence à Beverly Hills le 9 août 2017 - Frederick M. Brown - Getty Images North America - AFP

Plusieurs réalisatrices de séries télévisées à succès ont profité d'une conférence de presse à Los Angeles pour pointer du doigt le manque de parité et de diversité dans leur milieu. Selon elles, imposer des quotas à Hollywood serait une bonne solution pour remédier au problème.

Des réalisatrices de séries télé en vue comme American Horror Story, The Americans ou Scandal ont estimé mercredi que des quotas étaient nécessaires pour obtenir plus de diversité à Hollywood, où les femmes restent très rares derrière la caméra.

"Je ne veux jamais me dire qu'on m'embauche parce que je suis une femme, mais peut-être qu'en ce moment on a besoin de quotas", a fait remarquer Maggie Kiley lors d'une conférence de presse organisée par la chaîne FX lors des rencontres de la Television Critics Association.

"S'il faut en passer par là, alors il faut en passer par là", a renchérit Rachel Goldberg, lors de cette table ronde de 7 cinéastes.

Pas des débutantes

D'après le dernier rapport annuel sur la diversité à Hollywood de l'université californienne UCLA, les minorités représentent 40% de la population américaine mais seulement 10% des réalisateurs. La part des femmes, qui comptent pour la moitié de la population, est également à 10%.

Les réalisatrices au pannel FX ont raconté s'être entendues dire par les studios de télévision: "Oh il faut que vous ayez déjà réalisé un épisode de télé, on ne peut pas être votre premier", ou "faites-en encore un", encore et encore avant de se voir donner une chance, tandis que certains homologues masculins n'avaient qu'à tourner un court-métrage.

"On n'est pas débutantes (...) on a juste besoin que quelqu'un nous donne une chance", a insisté Rachel Goldberg, rendant hommage au producteur de séries à succès de FX Ryan Murphy. "Il m'a confié un épisode d'American Horror Story, ça a changé ma vie".

Ryan Murphy et FX ont lancé l'an dernier le projet "Half Initiative" avec pour objectif d'embaucher au moins une moitié de réalisatrices ou de cinéastes de minorités ethniques: la chaîne affirme que le nombre de réalisatrices chez elle est passé de 12% en 2015 à 51% l'an dernier.

Changer les mentalités

Steph Green, qui a tourné des épisodes de Scandal ou Luke Cage (série adaptée de Marvel sur un super-héros noir) entre autres, raconte qu'on lui a demandé régulièrement, avec un air dubitatif: "Tu ferais des séries d'action?".

"Oui je peux faire des films d'action, oui je travaille avec du (faux) sang ou j'ai déjà filmé des cascades", scande Maggie Kiley.

Elle a également cité des exemples de machisme ordinaire: elle est en repérage dans une maison avec un assistant et les gens ne parlent qu'à lui, ou elle arrive sur un plateau et on la prend systématiquement pour la maquilleuse.

Les quotas sont "nécessaires pour que les femmes puissent obtenir un premier emploi de réalisatrice mais aussi pour changer les mentalités", pour que les gens s'habituent à voir des femmes diriger un tournage, conclut Meera Menon, qui vient de tourner un épisode de Snowfall, sur l'épidémie de crack à Los Angeles.

Nawal Bonnefoy avec AFP