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Alien Covenant: à quel moment une franchise doit-elle s'arrêter?

Alien Covenant

Alien Covenant - Copyright 2016 Twentieth Century Fox

Depuis 1979, six films Alien ont été produits. Le nouvel épisode, Alien: Covenant, réalisé par Ridley Scott, sort en salles ce mercredi 10 mai.

Alien: Covenant est l'un des blockbusters les plus attendus de 2017. Après Prometheus en 2012, Ridley Scott est à nouveau aux commandes de ce nouvel épisode d'une saga initiée en 1979 et qui compte des millions de fans à travers le monde. L'annonce d'un film plus gore que Prometheus, ainsi que le retour du fameux monstre de la série, le Xénomorphe, attise l'attention des amateurs du genre depuis de longs mois.

Les chanceux qui ont pu découvrir en avant-première Alien: Covenant ont partagé ce week-end leurs avis. Sur Twitter, le débat a fait rage entre les défenseurs du film et ses détracteurs. Les uns estiment qu'Alien: Covenant est "une belle surprise à ambition biblique", tandis que les autres trouvent que l'ensemble ressemble à "un infanticide", Ridley Scott détruisant le mythe qu'il a créé en 1979. Un des problèmes soulevés par certains serait que Scott a fait le film de trop en révélant notamment l'origine des Xénomorphes, ces monstres indestructibles que Ripley affronte dans la série originale. Cela n'arrête pas Ridley Scott, qui a annoncé sur le site IGN qu'il allait tourner la suite d'Alien Covenant en 2018. 

Les regrets de Peter Jackson et la sagesse de Victor Lanoux

Alien n'est pas la première série accusée par ses fans d'avoir produit la suite de trop. De l'avis général - et de Peter Jackson lui-même -, la trilogie Le Hobbit (Un voyage inattendu, La Désolation de Smaug et La Bataille des Cinq Armées) est une suite mercantile reposant principalement sur des effets numériques. Dans un bonus du DVD de La Bataille des Cinq Armées, le réalisateur néo-zélandais concède d'ailleurs: "Je ne savais pas ce que je faisais".

Indiana Jones a connu un destin similaire avec Le Royaume du crâne de cristal en 2008. Unanimement décriée, cette nouvelle aventure contient son lot de scènes ridiculisées par les internautes depuis la sortie, comme celle où Indiana Jones survit à une explosion atomique caché dans un frigidaire. Un cinquième volet est prévu pour 2020, toujours avec Spielberg et Harrison Ford. L'occasion pour eux de faire amende honorable en proposant une dernière aventure digne de ce nom. 

Les stars ne sont pas toutes comme feu Victor Lanoux, qui a su arrêter à temps son feuilleton phare Louis la Brocante. En novembre 2012, il avait ainsi expliqué sur Europe 1: "Je ne me sens plus en phase avec la série. La série a commencé il y a quinze ans, quand j’avais un peu plus de 60 ans. Je pouvais alors courir, mettre des claques aux méchants". Et de poursuivre: "Aujourd’hui, ce n’est plus possible et j'ai des difficultés à tourner. Je pense qu’il est raisonnable d’arrêter".

La malice de James Bond et de Rocky Balboa

Plutôt que de laisser mourir une franchise, certains ont eu la judicieuse idée de renouveler la formule pour mieux relancer la machine. L'exemple de Marvel est révélateur. Depuis 2008, quinze films sont déjà sortis. Chacun est consacré à un super-héros différent tout en s'intégrant dans une immense histoire développée sur une vingtaine de films. La conclusion est attendue pour 2019.

Inscrite dans le contexte de la Guerre froide, la saga James Bond a su négocier avec habilité le virage après l'effondrement du bloc soviétique. Les attentats du 11 septembre 2001 puis la sortie du premier Jason Bourne en 2002 ont failli achever la saga. Après un hiatus de cinq ans, James Bond est revenu dans Casino Royale. Désormais blond et bodybuildé, il s'affirme comme un héros brutal et tourmenté, comme Jason Bourne. Le personnage gagne en dignité et en vraisemblance: la saga est sauvée, et la fin de la franchise reportée.

Rocky Balboa, le boxeur inventé par Sylvester Stallone dans les années 1970, a connu un destin similaire. Héros de l'Amérique face à l'URSS dans les années 1980, le boxeur a eu une fin de carrière honorable avec Rocky Balboa (2006) et Creed (2015), deux drames très bien reçus par les fans comme par la critique. La franchise se termine dans l'émotion, avec un hommage appuyé à l'un des personnages les plus mythiques du 7e art. Les héros peuvent vieillir

Fast & Furious, envers et contre tous

Le champion des franchises reste Fast & Furious, qui change de braquet plus vite que son ombre. Sans porter une attention démesurée à la cohérence de son récit (le troisième film se déroule entre le 6e et le 7e), la saga cherche avant tout à divertir en multipliant les cascades toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. 

Surtout, la franchise résiste à tout: elle a continué à connaître le succès lorsque Vin Diesel a refusé de tourner dans le deuxième volet; elle a rencontré un succès planétaire avec le retour de Vin Diesel dans le rôle de Dominic Toretto puis l'apparition de The Rock dans le cinquième film. Et la mort de Paul Walker n'a pas empêché Fast & Furious 7 et 8 de dépasser le milliard de recettes au box-office mondial.

La saga continue de trouver des manières toujours plus surprenantes de démolir des voitures de luxe aux quatre coins du monde. Et les fans en redemandent. Alors que le huitième film cartonne, deux autres longs métrages sont en préparation. Rien ni personne ne peut arrêter la family de Dominic Toretto.

Jérôme Lachasse