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Procès Cosby: le jury suspend ses délibérations

Bill Cosby, le 3 février 2016

Bill Cosby, le 3 février 2016 - Kena Betancur - AFP

Les délibérations du jury dans le le procès de l'acteur américain Bill Cosby, accusé d'agression sexuelle, ont été suspendues.

Le jury du procès de Bill Cosby a suspendu ses délibérations lundi soir après quatre heures de huis clos et reprendra ses débats mardi matin, pour déterminer si le comédien est coupable d'agression sexuelle. Les jurés avaient entamé leurs travaux vers 17h30 locales et les ont interrompu peu après 21h30.

Ancien père idéal de l'Amérique, Bill Cosby risque jusqu'à 30 ans d'emprisonnement, chacun des trois chefs d'accusation retenus contre lui étant passible de dix ans de prison.

Créateur de la série télévisée The Cosby Show (1984-1992), humoriste, l'acteur est poursuivi pour agression sexuelle sur Andrea Constand, des faits qui remontent à 2004.

Il a reconnu avoir procédé à des attouchements, mais affirmé qu'il s'agissait d'un rapport consensuel. Après avoir laissé la main durant une semaine pleine à l'accusation, la défense avait l'occasion, lundi, de contre-attaquer, au sixième jour du procès. Mais elle a choisi le service minimum, ne citant qu'un seul témoin, un policier interrogé pendant une poignée de minutes seulement.

Relation affective

Alors que l'hypothèse de son intervention était encore évoquée vendredi, Bill Cosby a finalement décidé de ne pas témoigner. En procédure pénale américaine, l'accusé a le choix de témoigner ou non durant son procès, ce que le ministère public ne peut lui contester. Il est fréquent que les mis en cause s'abstiennent de prendre la parole.

Il appartenait donc aux avocats de celui qui incarna le gynécologue Cliff Huxtable dans le Cosby Show de limiter les pertes de la défense, malmenée en première semaine par plusieurs témoignages et la pugnacité du ministère public.

Durant sa plaidoirie d'une durée d'environ 90 minutes, Brian McMonagle a tenté de démontrer qu'Andrea Constand avait bien eu une relation affective avec Bill Cosby mais qu'elle avait, selon lui, cherché à en dissimuler le caractère consensuel aux enquêteurs.

Mis en cause par plus de soixante femmes

Il a d'abord insisté sur les revirements de l'accusatrice, qui a donné plusieurs dates pour le jour des faits et évoqué des circonstances différentes d'une audition à l'autre. Il a rappelé aussi qu'elle avait demandé à rayer plusieurs mentions du procès-verbal à l'issue d'un entretien avec les policiers, début 2005.

"Pourquoi avoir barré" ces passages, a interrogé le conseil de Bill Cosby. "Elle ne veut pas que ces policiers sachent qu'ils ont une relation" consentante. "Pourquoi essayez-vous d'appeler ça autrement que ce que c'est?", a-t-il martelé, à quelques mètres d'Andrea Constand.

Il a défendu la bonne foi de son client, soulignant qu'il avait accepté d'être longuement entendu par les enquêteurs en 2005 et d'en dire beaucoup sur cette fameuse soirée de janvier 2004, alors qu'il aurait pu ne rien dire.

Brian McMonagle s'en est également pris à la presse. "Nous sommes ici à cause d'eux!", s'est-il exclamé en pointant du doigt les bancs occupés par les journalistes, dénonçant le "battage médiatique" autour des accusations visant son client.

Outre Andrea Constand, le comédien a également été mis en cause par plus de soixante femmes qui assurent avoir été victimes d'agression sexuelle ou de viol. Le conseil a également laissé entendre que la plaignante avait cherché à faire de l'agression supposée un moyen de tirer avantage de Bill Cosby.

"Il savait exactement ce qu'il faisait"

"Elle est au téléphone avec des avocats avant même d'en avoir parlé à sa mère", a fustigé l'avocat, sa voix montant régulièrement dans les aigus. "Ne la laissez pas se déclarer victime", a-t-il exhorté le jury, qui est à l'isolement depuis le début du procès, pour limiter l'influence de la couverture médiatique sur lui.

"Prétendre que c'est une relation qui a eu différents niveaux n'a pas de sens", a dit au jury le procureur du comté de Montgomery, Kevin Steele, lors de ses observations.

Pour lui, ce qui s'est passé ce soir-là est bien une agression, car une personne sous l'emprise de médicaments, qui finit par perdre conscience, comme ce fut le cas d'Andrea Constand, ne peut pas donner son consentement.

"Il savait exactement ce qu'il faisait et ce qui allait se passer", a affirmé le procureur, à l'origine de la relance des poursuites dans ce dossier, abandonnées une première fois en 2005. "Je veux que vous pensiez", a-t-il dit, "au courage qu'il a fallu à Andrea Constand pour faire ce qu'elle avait à faire".

la rédaction avec AFP