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Lorie Pester dans Pygmalion: "Je veux aller où on ne m'attend pas"

Lorie Pester est Eliza Doolittle dans "Pygmalion" au Théâtre 14

Lorie Pester est Eliza Doolittle dans "Pygmalion" au Théâtre 14 - Atelier Théâtre Actuel

La chanteuse et comédienne fait ses débuts sur les planches dans le classique de Bernard Shaw, Pygmalion au Théâtre 14 à Paris. Un nouveau défi pour cette artiste qui revendique sa volonté de "surpendre". Pour BFMTV.com, Lorie Pester revient sur cette expérience.

Il fallait oser. Oser s'attaquer à cette pièce culte de Bernard Shaw qui a donné naissance au non moins culte My Fair Lady. Oser reprendre le rôle immortalisé par Audrey Hepburn sur grand écran. Mais Lorie Pester l'a fait. Et bien fait même. Depuis le 12 janvier, la chanteuse et comédienne est Eliza Doolittle dans Pygmalion au Théâtre 14. Elle incarne cette petite vendeuse de bonbons qu'un professeur va tenter de transformer en Lady...

Mais malgré sa peur "de ne pas être à la hauteur", l'ancienne "chanteuse pour adolescentes" a réussi son pari. Ses premiers pas sur les planches collectionnent les critiques élogieuses. A 33 ans, celle qui a mis sa carrière de chanteuse entre parenthèses nourrit des ambitions. Et se donne les moyens. Rencontre avec une artiste au mental d'acier qui n'a pas fini de surprendre.

N'avez-vous jamais eu de doutes en vous lançant sur les planches avec ce classique du théâtre, Pygmalion?

Bien sûr! Depuis quelques années, j’avais des propositions au théâtre, mais elles ne me faisaient pas envie. C’était soit des pièces modernes, soit des comédies de boulevard. Je voyais de plus en plus de personnalités se mettre au théâtre avec ce genre de pièces et ça va peut-être paraître un peu prétentieux, mais je m’étais dit que si un jour je devais faire du théâtre, je voudrais aller là où on ne m’attend pas. Je voulais surprendre et montrer de quoi j'étais capable, que je ne pouvais pas simplement jouer une fille moderne dans la vie de tous les jours, mais travailler vraiment sur un personnage et un rôle.

Et ce rôle ne vous a pas faire peur au début?

Même si c’est ce que j’espérais, quand j'ai lu la pièce et découvert la complexité du rôle d’Eliza, j'ai demandé au metteur en scène Ned Grujic s'il était vraiment sûr de me vouloir pour jouer ça! J'ai longtemps réfléchi avant de donner ma réponse. J’avais peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir assez de temps pour travailler et puis, je l’ai rappelé en disant: "C’est oui à une seule condition: maintenant, tu vas me voir chez toi toutes les semaines et on va bosser ensemble!" Et c'est ce qui s'est passé. Pendant un an, j’ai pu travailler avec lui. 

"Je sais que des gens critiqueront sans venir voir la pièce"

Aviez-vous peur aussi de ce que penseraient les gens en vous retrouvant sur les planches avec ce statut de comédienne?

Quand je me lance dans un projet, je me donne à fond et j'essaye simplement de faire les choses bien. Je savais que les critiques allaient m’attendre au tournant, c’est ainsi pour tout ce que je fais. Je sais que j'ai des détracteurs, que certaines personnes ne seront pas forcément bienveillantes ou que des gens critiqueront sans venir voir la pièce, mais si le metteur en scène et moi sommes contents du résultat, c’est le principal.

Cinq minutes avant d’entrer sur scène, le trac est-il est identique à celui que vous aviez avant un concert?

C’est la même chose. J’ai rempli des Zéniths, des Bercy, des stades, mais là il y a 200 personnes et c’est la même peur. C’est un mélange d’adrénaline, d’impatience, de trac… Ce qui est un peu déstabilisant c'est que pour les concerts, j’avais l’habitude d’entendre le public chanter et crier, mais la réaction du public est évidemment très différente au théâtre. Je me souviens d'une représentation où les spectateurs étaient vraiment dans l’écoute, ils ne réagissaient quasiment pas, puis c’est monté en puissance et il n’arrêtaient pas de rire à la fin. On joue pour le public, on ne sait jamais comment il va réagir, donc on ne s’ennuie pas.

Lorie Pester dans "Pygmalion"
Lorie Pester dans "Pygmalion" © Atelier Théâtre Actuel

Le public dans la salle pour Pygmalion est-il le même que celui qui se retrouvait dans vos salles il y a quelques années?

Non, pas du tout. Bien sûr, j’ai des fans qui me suivent depuis le début, les habitués qui sont toujours là, mais là, c’est un tout autre public, plus adulte, plus âgé, plus amateur de théâtre... Après, que ce soit les mêmes, pas les mêmes, le principal, c'est qu'il y en ait ! (rires) Mon but, c'est de continuer à divertir les gens et à leur donner de la magie.

Quel regard portez-vous sur cette carrière que vous construisez depuis 15 ans, de vos débuts dans la musique à vos premiers pas au théâtre?

A vrai dire, je ne me suis jamais imaginé de carrière en me disant: 'Je vais commencer chanteuse, ensuite je vais faire ça, ça va m’amener là…' J’ai l’impression que ça a vraiment été une question de rencontres et d’opportunités qui arrivaient à moi. Après, on les prend ou pas, mais quand on regarde, on perçoit une logique dans ce que j'ai entrepris, même si je ne l’ai pas fait exprès. Je n’ai pas cherché à griller d’étapes.

"Je savais que le succès ne serait pas éternel"

Avez-vous parfois une certaine nostalgie sur vos années à succès dans la chanson?

Non, parce que je me rends compte de la chance que j’ai eue de pouvoir vivre ça pendant huit ans. Quand j’étais sur scène, je prenais tout, je profitais de cette vie, du show, chaque moment, chaque regard et je savais que ça ne pourrait pas être éternel. Et quand on le sait, ça permet de mieux gérer le jour où il y a une descente. Ce sont aussi mes années dans le patinage artistique qui m’ont donné ce mental-là. Quand je repense à cette période, c’est avant tout de la fierté et du bonheur.

Pourriez-vous refaire ce que vous faisiez il y a dix ans?

Je ne pourrais pas. J'ai revu récemment une prestation d’un concert en 2002 ou 2004, j’avais des dreads sur la tête, un costume à paillettes, dix danseurs derrière moi, il y a avait des explosions sur scène, des tours de magie et effectivement, quand je regarde ça, je sais que c’est moi, mais j’ai l’impression d’avoir vécu dix vies avant et parfois, ça me fait bizarre… C’est un autre moment de ma vie, mais j’en suis fière.

Pour le moment, la musique ne vous manque pas ?

J'ai décidé de faire une pause pour l’instant. J'ai toujours envie de chanter, mais pas d'enregistrer.

Lorie Pester dans "Pygmalion"
Lorie Pester dans "Pygmalion" © Atelier Théâtre Actuel

Vous avez joué dans le film Dragon Blade avec Jackie Chan et vous prenez des cours de mandarin pour percer en Chine. Pourquoi vous tournez-vous vers ce cinéma?

Parce ils se passent là-bas énormément de choses au niveau cinématographique. Ils sont en train d’ouvrir les frontières, de faire des co-productions et ils adorent les Français! Il y a vraiment une place à prendre avant que tout le monde ne se rende compte que c’est là-bas qu’il faut aller... Pour l’instant, les projets que j’ai en Chine se font en anglais. Dragon Blade était en anglais, l’autre projet que j’ai là-bas aussi. Mais je sais que le jour où je saurai parler un mandarin correct, j’aurai plus de projets. Et ça m’amuse. Je suis très curieuse, j’adore voyager et j’aime apprendre. Je sais qu’il y aura des retombées si j’arrive à parler cette langue.

"Je suis fière de tout ce que j'ai fait avant"

Et le cinéma français a-t-il essayé de vous ouvrir les portes?

Je sens que les producteurs et les réalisateurs commencent à me regarder autrement grâce à Pygmalion et tous les bons retours qu’a la pièce. Mais en France, on aime mettre des étiquettes. Peut-être qu’un jour j’enlèverai pour certains les choses qui peuvent parasiter. Mais s’ils ne veulent pas de moi en France, j’irai ailleurs!

Vous avez accolé à votre pseudo Lorie votre véritablement nom de famille. Mais pourquoi n'avoir tout simplement pas repris votre nom Laure Pester?

J’y ai pensé parce que j’adore mon prénom. Mais me faire appeler Laure Pester risquait d’avoir un côté négatif, dans le sens où les médias se seraient demandés si j’avais honte de tout ce que j’ai fait auparavant et envie de l’effacer. Mais ce n’est pas vrai, je suis fière de ce que j’ai fait. A un moment donné, il faut donc être cohérent, on ne peut pas avoir une Lorie, une Lorie Pester et une Laure Pester, ça fait trop.