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Les confidences de Romain Duris sur ses talents cachés de dessinateur

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- - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

L'acteur fétiche de Klapisch expose ses dessins à la Galerie Cinéma. BFMTV.com a rencontré le comédien, qui sera également à l'affiche en décembre du nouveau Ridley Scott.

Depuis toujours, Romain Duris dessine. Tout le temps. Partout. Même aux toilettes. Dans son livre de dessins, qui accompagne son exposition à la Galerie Cinéma à Paris, Romain Duris y dévoile d'ailleurs deux dessins de toilettes.

Le premier, en couleur, représente un homme mélancolique assis sur la cuvette. Le papier toilettes se déroule et se transforme en route. Le second, en noir et blanc, a été réalisé à la mine de plomb. Il s’agit, tout simplement, des toilettes de l’acteur. "Ce sont des autoportraits, un peu", dit-il en riant. "J’allais pisser et je me suis dit 'tiens, je vais faire un dessin'." C’était l’époque où Duris dessinait tout ce qu’il voyait devant lui: "C’était agréable. J’aimais bien ce moment", soupire-t-il avec nostalgie.

Connu pour ses rôles dans Le Péril jeune, L’Auberge espagnole ou De battre mon cœur s’est arrêté, Romain Duris a longtemps tenu secrète sa passion pour le dessin. Aujourd’hui, celui qui a abandonné ses études d’arts appliqués pour le cinéma se sent prêt a dévoiler ses œuvres.

Celles-ci rappellent l'univers aussi drôle que désespéré de dessinateurs comme Roland Topor ou Robert Crumb. Si l'acteur revendique l'influence de Crumb, il réfute celle de Topor, dont il affirme n’avoir rien vu. A part les classiques et Crumb, Duris a peu lu de BD. Il n’aime pas le "côté vignette" du 9e art. Il a lui même dessiné "une petite BD", mais n’a pas "adoré" l’expérience: "J’ai trouvé ça trop contraignant de faire évoluer un même personnage. Pour l’instant, je n’ai pas très envie de faire de la BD, mais ça peut changer".

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- © © GALERIE CINEMA / Romain Duris

"J’aime dessiner les corps"

L’amour de Duris pour le dessin a pu surprendre. L’Art a pourtant toujours été présent dans sa filmographie. De L’Auberge espagnole à L’Homme qui voulait vivre sa vie, en passant par De battre mon cœur s’est arrêté, Molière et Paris, il a souvent joué des pianistes, des photographes, des écrivains... "C’est vrai", répond Duris. "Mais mes dessins, ce n’est plus un rôle. Les gens sont étonnés parce que j’en ai jamais parlé. On peut pourtant avoir une autre activité qui ne soit pas ni secrète ni cachée, mais juste pas dévoilée. Aujourd’hui, on a l’impression que dès que l’on fait un truc, on doit en parler". 

Dans les interviews qu'il a pu accorder à la presse, Duris a refusé de commenter ses œuvres. Derrière ses dessins de nu, ses images d'orgies colorées ou de montagnes de seins ne se cachent aucun dessein, aucune arrière pensée. Romain Duris aime juste beaucoup dessiner. Plus que de l’amour, c’est une nécessité:

"J’aime dessiner les corps. C’est de la communication ce que je dessine, j’ai l’impression. Quand on dessine un corps, il y a toujours quelque chose qui se passe. On est dans un état où ça vibre un peu, comme quand on joue une scène au cinéma. Ce n’est pas de la transe, mais ça nous transporte ailleurs même si on trouve le dessin nul trois heures après. C'est un état dont j’ai besoin".

Duris écoute beaucoup de musique en dessinant: "Un peu de tout, mais surtout du hip hop". Il écoute aussi du Gainsbourg. "Je n’écoute pas que de la musique de qualité. Je peux écouter de la daube aussi. Voire de la radio". On lui suggère des noms d’artistes contemporains. Alors qu'il s'étouffe de rire, il refuse de répondre. On saura seulement qu'il écoute de la musique "un peu bitchy": "Je ne sais même pas les noms tellement c’est de la daube", botte-t-il en touche.

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- © © GALERIE CINEMA / Romain Duris

"Il faut que je trouve où placer mon énergie"

Duris est le premier surpris par l'intérêt suscité par ses dessins: "Je trouve ça tellement agréable de pouvoir parler de dessins". Il a découvert aussi les joies des séances de dédicaces:

"Il y a plein de sorte de gens. Des gens qui m’aiment bien à travers le cinéma et qui viennent par curiosité. Il y a des gens qui viennent pour le pur dessin. C’est un mélange et c’est assez agréable. Moi, je suis comme le médecin: j’ai un petit mot, un petit échange pour chacun. J’aime bien. Il y a des gens assez originaux. Je fais un léger dessin, parce que j’ai toujours été très mal à l’aise avec les mots. Les 'avec amitiés' ou 'amicalement' m’ennuient totalement donc je fais des petits dessins qui se ressemblent quand je manque d’imagination. Parfois, je fais juste un soleil avec le prénom de la personne et un sourire."

Depuis le vernissage, Duris est dans "un état bizarre": "ce n'est pas très actif comme moment. J'ai hâte d'enchaîner sur un nouveau projet. Il faut que je trouve où placer mon énergie". Entre la découverte de la fabrication des sérigraphies et la conception de son livre de dessin, les derniers mois ont été très intenses. Les prochains risquent de l'être tout autant. Il sera à l'affiche de Tout l'argent du monde, le nouveau film de Ridley Scott, mais aussi de Madame Hyde avec Isabelle Huppert et Fleuve noir avec Vincent Cassel.
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- © © GALERIE CINEMA / Romain Duris
Jérôme Lachasse