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Jessica Chastain: "J'ai beaucoup d'amies qui ont été utilisées à mauvais escient, maltraitées"

Jessica Chastain le 16 octobre 2017 à Los Angeles

Jessica Chastain le 16 octobre 2017 à Los Angeles - Neilson Barnard - Getty - AFP

L'actrice témoigne elle aussi sur le harcèlement sexuel et la misogynie à Hollywood et s'interroge sur la façon de faire évoluer une industrie "malsaine".

L'actrice Jessica Chastain veut rompre la culture de l'omerta dans une industrie d'Hollywood "malsaine" et offrir une caisse de résonance aux victimes d'agressions sexuelles, après l'avalanche des accusations visant notamment les producteurs Harvey Weinstein et Brett Ratner.

"Je ne suis pas à l'aise avec le silence", affirme celle qui tient le rôle-titre du premier film réalisé par Aaron Sorkin, "Le grand jeu".

"Si on est dans une industrie malsaine, on fait partie du problème et notre inaction vaut complicité", ajoute la flamboyante rousse de 40 ans aux yeux de jade.

Plus de 100 femmes

"C'est important pour moi d'utiliser toute plateforme dont je bénéficie pour amplifier la voix de celles et ceux qui risquent tout pour sauver d'autres personnes", assure-t-elle, à propos des plus de 100 femmes qui ont décidé de dénoncer le harcèlement, les agressions sexuelles voire les viols commis par Harvey Weinstein ou d'autres titans du septième art.

Parmi elles plusieurs stars, comme Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Léa Seydoux, mais aussi nombre d'anonymes de l'industrie du cinéma, et au-delà.

"J'ai beaucoup d'amies qui ont été utilisées à mauvais escient, maltraitées", fait-elle valoir, lors d'un entretien en vue de la sortie du "Grand Jeu", où elle incarne une ex-championne de ski devenue reine du poker, rôle qui pourrait lui valoir une nomination aux Oscars.

L'un de ses derniers tweets sur les affaires qui secouent Hollywood a fait d'autant plus de bruit qu'il vise le producteur d'un de ses prochains films, X-Men: Dark Phoenix.

"N'oublions pas", a-t-elle ainsi écrit en retweetant un article sur des accusations d'agressions sexuelles sur mineur contre Bryan Singer, l'un des co-producteurs d'X-Men, qui ont refait surface dans la foulée des autres affaires.

Bryan Singer a été visé par plusieurs plaintes relatives à ces accusations ces dernières années, toutes abandonnées ou déboutées.

Un représentant de Bryan Singer a déclaré que toute mise en cause de son client, à propos d'accusations "sans preuves" formulées par le passé, est "imprudente et scandaleuse".

"Comment on va changer les choses"

Jessica Chastain, qui alterne films indépendants comme A most violent year (2014) et grosses productions comme Seul sur Mars (2015), a justifié le fait d'avoir joué dans X-Men en affirmant que Bryan Singer n'était pas présent sur le tournage et qu'elle ne savait pas qu'il en était co-producteur jusqu'à récemment.

"Je pense que les gens devraient prêter attention (au fait de savoir) avec qui ils travaillent", ajoute-t-elle.

Voix douce mais décidée, en blouse fluide et pantalon strict, la californienne révélée dans The Tree of Life de Terrence Malick, où elle incarne l'épouse d'un père violent, raconte être devenue féministe en grandissant auprès d'une mère célibataire (la chef cuisinière Jerri Chastain).

"Je l'ai vue se battre pour que nous ayons toujours de quoi manger et j'ai vu les injustices autour d'elle", se souvient-elle. Elle a également pris tôt conscience des discriminations envers les femmes, dès ses études à la prestigieuse école de spectacle new-yorkaise Julliard.

"Il y avait deux tiers d'hommes et un tiers de femmes dans les classes. J'ai demandé à un professeur: 'Pourquoi ce n'est pas 50/50?' et il m'a dit 'il y a plus de rôles pour hommes que pour femmes'. Et j'ai répondu 'comment on va changer les choses si on ne change pas cette mentalité?", raconte-t-elle.

Abus de pouvoir

Pour celle qui vient de tourner avec le québécois Xavier Dolan, ce n'est toutefois pas l'industrie du film qui est en cause, mais le système patriarcal dans son ensemble.

"Dans tout secteur où il y a un groupe démographique en charge du gagne-pain d'autres, on voit des abus de pouvoir. En politique, à Wall Street, dans les médias, et à Hollywood. On doit s'efforcer d'avoir plus de diversité aux postes de pouvoir", argumente-t-elle.

M.R. avec AFP