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Jarry: "Je voudrais présenter un truc débile et fou à la télévision"

Jarry est à l'affiche de son one-man-show "Atypique"

Jarry est à l'affiche de son one-man-show "Atypique" - Julien Benhamou

Jarry est actuellement sur scène avec son deuxième one-man-show, Atypique, à la Cigale, jusqu'à dimanche, puis en tournée dans toute la France. Un show déjanté et un brin provoc', qu'il rode depuis plus de deux ans. Rencontre.

Drôle de personnage que celui de Jarry. Survolté sur scène, où il est en ce moment avec son spectacle Atypique, l'humoriste est plus sérieux en interview. Il évoque pour BFMTV.com son parcours et ses nombreuses vies.

Révélé sur le tard, Jarry n’a pas toujours été humoriste, ni même comédien. Avant la scène et Paris, ce fils de viticulteurs est d’abord professeur d'expression scénique à Angers, sa ville natale. "J'intervenais dans un lycée professionnel où je m'occupais des élèves en grande difficulté et j'utilisais le théâtre et la littérature comme moyen d'apprentissage”.

"Il fallait que je me mette en danger"

Il enseigne aussi en milieu carcéral. Une expérience qui change son regard. “On a l'impression que ceux qui sont là-bas font peur et sont moches, alors qu'il y a des gens à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession. J'étais persuadé, en y allant la première fois, que j'allais reconnaître un violeur, un tueur, un trafiquant… mais pas du tout”.

A la recherche d’adrénaline, il décide de renoncer du jour au lendemain à cette vie, pour exister autrement. “Je me suis réveillé un matin en me disant: 'J'ai 12 semaines de congés par an, je gagne bien ma vie, je suis jeune, ce n'est pas possible, il faut que je tente quelque chose'. Il fallait que je me mette en danger", explique-t-il.

Du théâtre au one-man-show

Jarry passe alors un casting, est retenu, devient comédien et rejoint la compagnie Entrée de Jeu, dirigée par Bernard Grosjean. Il quitte donc Rablay-sur-Layon à 22 ans et troque au passage prénom et nom de famille contre Jarry (le nom de jeune fille de sa mère). "Je veux vraiment protéger les miens et ne veux en aucun cas que ma vie d'artiste ne leur cause du tort”. Homosexuel assumé, cet ancien danseur professionnel de hip-hop estime que “la France est un pays ou l'intolérance demeure".

En 2009, il rencontre Didier Bourdon, sur le tournage de Bambou, qui l’encourage à se lancer dans le one-man-show. "Je me suis dit 'pourquoi pas'. Au départ j'ai écrit cinq minutes en me disant, ça va faire rire les copains et puis ça peut t'aider à ne pas rentrer seul (rires). J'ai joué mes cinq minutes et puis tout s'est emballé. Gilbert Rozon m'a vu et il m'a dit: 'Tu viens jouer à Montréal'. Et j'ai commencé à écrire et à jouer dans un tout petit théâtre parisien quelques mois plus tard”.

Le bouche à oreille et la télé ont ensuite contribué à sa popularité. Le nombre de spectateurs n'a cessé d'augmenter si bien qu’aujourd’hui, il remplit la Cigale et bien d’autres grandes salles mythiques.

"Je n'ai pas pour volonté de choquer"

Dans Atypique, Jarry raconte l'histoire d'un personnage attachant, qui évolue dans une société trop conventionnelle pour sa fantaisie et son imagination. Dans la vraie vie l’humoriste non plus n’en manque pas. Il puise son inspiration un peu partout mais ne peut écrire qu’à un seul endroit: dans les trains. "Je peux faire un Paris-Nantes aller/retour dans la journée juste pour avoir du temps pour écrire. Et j'adore écrire entre deux voitures, juste en face des valises dans le petit renfoncement", précise-t-il.

Parfois, son inspiration est davantage comparée à de la provocation. Jarry choque, provoque et s’en moque. ”On ne peut pas défiler dans la rue en disant 'Je suis Charlie' et être choqué dès que l'on sort un peu du cadre. Moi je n'ai pas pour volonté de choquer, je veux juste rigoler. C'est compliqué parce que pour moi, rien n'est problématique dans la vie", se justifie le comédien.

A la vie comme à la scène, Jarry est donc entier et ne triche pas. “Je ne fais pas partie de ses humoristes qui se disent torturés. Je suis quelqu'un de positif, je n'aime pas me plaindre. J'ai vu trop de gens en souffrance, avec des parcours chaotiques. J'ai accompagné des enfants en soins palliatifs, je sais ce que c'est quand tout s'arrête”, confesse-t-il.

Jarry, futur animateur télé? 

Un parcours qui le pousse a profiter de chaque instant, que ce soit sur les planches comme à la télévision, dont il a fait son fief. Comment ça va bien? sur France 2, Vendredi tout est permis sur TF1 ou encore Touche pas à mon poste! sur D8. L’humoriste multiplie les apparitions et amuse la galerie. "J'y vais, parce que pour moi, c'est comme si j'avais 7 ans et que j'étais invité à un anniversaire où il y a plein de gâteaux et de bonbons. On me dit: 'Viens jouer, viens t'amuser'. Donc je dis oui."

Face caméra, l’Angevin vibre et se sent en plateau comme chez lui. Si bien qu’il n’exclut pas d’animer un programme. "Peut-être que c'est en projet. En tout cas c'est quelque chose que j'aime. Je voudrais présenter un truc débile et fou. Par exemple parler de tout avec un invité politique, sauf de politique. Je lui fais changer une couche, faire une course de poney, etc. Moi j'en ai marre de la télé trop sérieuse”, peste-il.

Bien que ravi de son succès, il assure ne pas avoir de plan de carrière et n’obéir à aucune règle sinon celle de prendre du plaisir partout, tout le temps. Hier professeur d’expression scénique, aujourd’hui humoriste, Jarry ne manque pas de projets et prépare actuellement un diplôme de plongeur professionnel. "Si dans cinq ans tout doit s'arrêter et que je dois devenir plongeur professionnel en Thaïlande, je le ferai".