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Hommage à Charlie Hebdo: la présence de Johnny Hallyday fait polémique

Johnny Hallyday chante  lors du Téléthon en 2012.

Johnny Hallyday chante lors du Téléthon en 2012. - Bertrand Guay - AFP

Tête de Turc régulière des journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo, Johnny Hallyday participera à l'hommage qui sera rendu au journal, un an après les attentats. Un choix dénoncé par les défenseurs de "l'esprit Charlie".

Charb et sa rédaction n'avaient que peu d'estime pour Johnny Hallyday. Le rockeur était souvent croqué sans pitié par les différents caricaturistes de Charlie Hebdo en Une de leur journal satirique. Et pourtant, c'est bien l'artiste qui chantera pour les commémorations "Charlie" le 10 janvier sur la place de la République à Paris sa chanson Un dimanche de janvier, composée par Yodelice et écrite par Jeanne Cherhal en référence à la marche républicaine du 11 janvier 2015. Cette participation du "mal aimé" Johnny Hallyday a provoqué la colère des défenseurs de Charlie.

Sur son blog, Siné, ancien collaborateur de Charlie Hebdo, a exprimé sa colère dans un billet au vitriol intitulé "Jusqu'où iront-ils dans l'ignominie". Dans sa tribune, le dessinateur écrit: "Charb détestait Johnny Hallyday et c’est précisément à lui que nos 'autorités' ont fait appel pour pousser la chansonnette en son honneur : quand il y a une connerie à faire, on peut compter sur nos responsables, ils ne la ratent jamais!"

"Arrêtez la boucherie! Un peu de respect, nom de Dieu!"

Siné poursuit alors en s'agaçant des différents hommages rendus par le gouvernement à Charb, qu'il juge aussi déplacés que ridicules: "Ils ne l’avaient déjà pas loupé, la semaine dernière, en lui infligeant la légion d’honneur, jusqu’où vont-ils aller dans l’ignominie? C’est de l’acharnement venimeux! De l’obstination mortifère! Arrêtez la boucherie! Un peu de respect, nom de Dieu!"

Par le passé, Johnny Hallyday s'était régulièrement fait étriller par les journalistes de Charlie Hebdo qui n'hésitaient pas à lui consacrer leur Une. Dans des dessins signés Charb, le rockeur préféré des Français y était apparu soit avec ce commentaire "Voleur comme un Français, con comme une Belge, chiant comme un suisse", soit avec cette réplique cinglante qui suivait le titre "Johnny revient en France!": "Vider les caisses de la Sécu". Dans une autre couverture réalisée par Riss en 2009, Johnny Hallyday y apparaissait torse nu, recouvert de vers lui criant avec ironie "Johnny, on t'aime".

Johnny Hallyday caricaturé à plusieurs reprises en Une de "Charlie Hebdo"
Johnny Hallyday caricaturé à plusieurs reprises en Une de "Charlie Hebdo" © Charlie Hebdo

Johnny Hallyday, le souffre-douleur de Cabu

Dans sa dernière édition, Le Canard Enchaîné souligne également l'ironie de cet hommage à Charlie rendu par celui que Charb et ses confrères détestaient. L'hebdomadaire rappelle que Cabu "ne ratait jamais une occasion de se payer" Johnny Hallyday, un artiste qui nous "vérole les tympans" depuis cinquante ans. Durant son exil en Suisse, le dessinateur l'avait représenté avec cette phrase : "Toute la musique que j'aime, elle vient de là, elle vient du flouze." Dans un autre dessin, il avait écrit à son sujet: "Les Français: une brosse à dents par an. Johnny: une femme par jour". 

Si comme de nombreuses personnalités, Johnny Hallyday n'avait pas hésité à afficher son soutien à la rédaction de Charlie Hebdo après les attentats, en s'affichant avec le slogan Je suis Charlie, le chanteur n'était véritablement pas en odeur de sainteté au sein du journal. Le choix de la mairie de Paris de faire chanter l'artiste pour cet hommage en musique ce dimanche 10 janvier avait été décidé dans le but de créer un rassemblement populaire. Même si Johnny, lui, ne l'était pas dans le coeur des créateurs de "l'esprit Charlie". Après le "Y" de Wolinski, certains défenseurs du journal satirique n'hésitent pas à dénoncer ce nouveau raté des autorités, notamment sur les réseaux sociaux.

L'affection de Johnny Hallyday pour Wolinski

De son côté, Johnny Hallyday n'a souhaité alimenter la polémique. Au contraire, interrogé par BFMTV, le chanteur a tenu à honorer la mémoire des victimes de Charlie Hebdo, confiant son "effroi" et sa "peine" après l'attentat survenu dans les locaux de la rédaction. Il a également tenu à partager son affection pour le dessinateur Georges Wolinski: "Wolinski était quelqu'un que je connaissais un petit peu, que j'aimais bien, qui m'avait souvent fait des portraits qu'il m'envoyait. C'est quelqu'un qui m'aimait bien et que moi, j'aimais beaucoup."