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Harvey Weinstein employait une "armée d'espions" pour étouffer les accusations d'abus sexuels

Harvey Weinstein à Los Angeles en février 2015

Harvey Weinstein à Los Angeles en février 2015 - Getty - AFP

Le magnat déchu de Hollywood avait mis en place un système coûteux et complexe pour étouffer les accusations d'abus sexuels. Il recourait notamment aux services d'ex-agents du Mossad.

Le "système" Weinstein dévoilé. Harvey Weinstein employait des moyens colossaux pour tenter d'étouffer les révélations sur ses abus sexuels présumés. Il utilisait ainsi, par l'intermédiaire de ses avocats, les services d'ex-agents secrets enquêtant sous de fausses identités, ou des journalistes de la presse à scandale. C'est ce que révèle lundi 6 novembre, le journaliste Ronan Farrow dans le New Yorker.

D'après l'hebdomadaire, une ex-agent israélienne, employée de la société Black Cube, a notamment contacté l'actrice Rose McGowan, l'une des principales accusatrices de Harvey Weinstein, en prétendant être une militante pour les droits des femmes.

Enregistré en secret

Elle a enregistré en secret des heures de conversations avec McGowan, qui s'apprête à publier ses mémoires, The Brave, un livre qui inquiétait Harvey Weinstein.

Selon l'article, le producteur en disgrâce a déployé cette "armée d'espions" depuis au moins l'automne 2016. Le New Yorker cite des dizaines de documents et sept personnes directement impliquées dans les efforts du producteur déchu pour empêcher en vain la publication d'accusations à son encontre.

Le producteur avait notamment embauché Kroll, vaste entreprise de renseignement et Black Cube, dirigée par d'anciens agents du Mossad et du renseignement israélien.

L'agent de Black Cube qui avait établi des contacts avec Rose McGowan a par ailleurs, sous une différente identité, contacté des journalistes enquêtant sur les agressions sexuelles présumées de Harvey Weinstein, notamment un reporter du magazine New York.

Discréditer ou intimider

Harvey Weinstein et son équipe voulaient savoir de quelles informations disposaient les journalistes. Ils ont aussi enquêté sur les reporters eux-mêmes, y compris leur vie personnelle et sexuelle, pour tenter de les contredire, les discréditer ou les intimider.

Le producteur, visé par des enquêtes policières à Londres, New York et Los Angeles sur plusieurs des allégations contre lui, "surveillait personnellement les progrès de ces enquêtes", mettant même à contribution "d'anciens employés de ses sociétés de films pour collecter des noms et passer des coups de fils", poursuit l'article.

"Dans certains cas les enquêtes étaient menées par les avocats de Weinstein y compris David Boies, célèbre notamment pour avoir défendu Al Gore lors du litige sur le scrutin présidentiel de 2000 et pour avoir plaidé en faveur du mariage gay devant la Cour suprême", bien que son cabinet défende par ailleurs le New York Times dans un procès pour diffamation.

"C'est une fiction"

Harvey Weinstein a également obtenu des informations de Dylan Howard, directeur des contenus d'American Media Inc. qui publie le magazine National Enquirer. L'un des journalistes de National Enquirer a notamment appelé l'ex-femme d'un réalisateur ayant eu une relation amoureuse avec Rose McGowan, Roberto Rodriguez, pour lui faire dire des commentaires négatifs sur la comédienne.

La porte-parole de Harvey Weinstein, Sallie Hofmeister et David Boies, n'ont pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires. Sallie Hofmeister a déclaré au New Yorker: "C'est une fiction de suggérer que tout individu a été visé ou (fait l'objet d'efforts d'intimidation) à aucun moment".

Ronan Farrow, l'auteur de cette longue enquête a pour sa part tweeté "C'est l'histoire la plus folle sur laquelle il m'ait été donné d'écrire, et une des rares expériences professionnelles qui m'ait fait craindre pour ma sécurité (même en incluant les moments en Afghanistan).

M.R. avec AFP