BFMTV
People

Gérald Dahan évoque sa candidature aux législatives: "Cet engagement n'est pas un canular"

Gérald Dahan se présentera en juin 2017 aux élections législatives sous l'étiquette de La France Insoumise.

Gérald Dahan se présentera en juin 2017 aux élections législatives sous l'étiquette de La France Insoumise. - Olivier Laban-Mattei - AFP

ENTRETIEN - L'humoriste et imitateur français a décidé de s'engager politiquement en se présentant comme candidat aux élections législatives en juin prochain, sous les couleurs de La France Insoumise. Pour BFMTV, il revient sur les raisons de cet engagement.

Il a désormais "envie d'agir". En juin prochain, Gérald Dahan sera l'un des candidats de La France Insoumise aux élections législatives. Comme d'autres artistes avant lui, l'humoriste et imitateur a fait le choix de s'engager en politique. Dans un entretien accordé à BFMTV.com, celui qui ne veut plus rester "simple observateur" explique les raisons de cet engagement inattendu et évoque son avenir en cas de victoire dans les Hauts-de-Seine. 

Pour quelles raisons avez-vous décidé d’être candidat aux législatives?

Je suis indigné par le mépris de la classe politique en général à l’égard des plus défavorisés. Beaucoup de politiciens sont devenus plus caricaturaux que les Guignols. On a changé d’ère. On est dans la politique-spectacle. Il n’y a quasiment plus de raisonnement de fond. On est dans la scénarisation, dans l’apparence, dans la surenchère médiatique. Je connais bien le sens du mot spectacle. Et je suis toujours resté au contact de la population depuis plus de 25 ans, notamment grâce à mes nombreuses tournées dans toute la France.

L’humour est un éclairage différent sur la réalité. Le rire fait aussi parfois réfléchir. Mais dans la situation politique du moment, avec une extrême droite au second tour de l’élection présidentielle, rester simple observateur devenait pour moi frustrant. J'ai désormais, aussi, envie d’agir d’une autre manière. J’ai le souci du vivre ensemble. J’ai toujours eu une conscience politique, j’ai toujours pensé qu’il était nécessaire de comprendre le fonctionnement du monde qui nous entoure, j’ai toujours eu le souci d’améliorer le présent. L’engagement politique est une action intellectuelle, se présenter à une élection est aussi une action physique, concrète et qui peut s’inscrire dans la durée.

"Je n'étais pas à l'aise au Parti Socialiste"

Quel a été le déclic qui a provoqué cet engagement en politique ?

J’ai adhéré au PS en 2006, lorsque j’ai vu Ségolène Royal s’engager dans la course à la présidentielle. Je voulais militer pour soutenir personnellement, en coulisses, le courage de cette femme. Je ne suis pas resté au PS. Je n’étais pas à l’aise dans ce parti politique. Avant cela, j’avais participé à une cellule de réflexion sur l’image du candidat Lionel Jospin en 1995. J’avais été contacté à l’époque pour aider à analyser la rhétorique de Jacques Chirac et trouver des failles dans sa méthodologie pour débattre avec un adversaire politique. J’ai soutenu Bertrand Delanoé en 2001 lorsqu’il est entré en campagne pour la mairie de Paris.
En 2012, j’ai soutenu François Hollande, j’espérais beaucoup du retour de la gauche au plus haut niveau de l’état, j’ai soutenu également Anne Hidalgo et Claire Morel pour les législatives. En 2015, j’ai soutenu Claude Bartolone aux régionales face à Valérie Pécresse. En 2016, j’ai commencé par afficher mon soutien à Jean-Luc Mélenchon. L’idée d’une meilleure répartition des richesses est l’idée dont je me sens le plus proche. Tout est ensuite dans la meilleure méthode à trouver pour y parvenir. A l’heure d’internet et des réseaux sociaux, avec une démographie qui se développe à vitesse grand V, il est indispensable de chercher collectivement des solutions. On ne peut plus gouverner par ordonnance, ça rend les gens malades.

Comment avez-vous rejoint La France Insoumise ? Pourquoi vous être tourné vers ce parti?

Ce n’est pas un parti. C’est un mouvement. D’ailleurs, je ne voulais pas le rejoindre sans le connaître vraiment. J’ai d’abord essayé de contacter les équipes de Jean-Luc Mélenchon par les réseaux sociaux afin de le rencontrer. Cet homme politique me semblait réfléchir différemment. Je me sentais en phase avec son analyse. On s’est rencontré et apprécié. J’ai suivi la construction participative et très élaborée du programme "L’avenir en commun" . L’assemblée constituante prônée par la France insoumise est un concept auquel j’adhère totalement. Je pense que c’est ce concept là qui devrait être remis au goût du jour pour redonner rapidement le sens qui convient au mot démocratie. Pour éviter qu’une révolution violente éclate. J’ai proposé mon soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle. Au vue de la montée inexorable de l’extrême droite et notamment de sa présence très forte au second tour de l’élection présidentielle, j’ai proposé de m’engager à défendre le programme de la France insoumise aux législatives.

"Pour moi, être un artiste, c’est déjà s’engager."

Dans quelle circonscription vous présenterez-vous?

Il y avait une possibilité d’investiture dans la 10ème circonscription des Hauts-de-Seine. C’est une circonscription qui semble plus difficile à gagner que d’autres. C’est donc un vrai combat à mener. Je connais le 92 pour y avoir vécu. Je crois que c’est une circonscription et un département en général où il y a beaucoup de choses à faire en faveur des classes sociales les plus modestes. A commencer par le taux de logements sociaux. Payer un studio 900 euros quand on gagne 1200 euros, c’est pas humain.

N’est-ce pas un risque de s’engager dans des élections avec une étiquette politique quand on est un artiste ? 

Je raisonne avant tout en tant que citoyen. Je considère que ce que nous vivons politiquement est grave. Je pense aux retraités qui sont imposés alors qu’ils ne touchent que des petites retraites, aux jeunes qui sont désorientés, à ceux qui sont pauvres alors qu’ils travaillent, et je ne supporte pas de voir des gens dormir dans la rue. Le fossé entre les bourgeois et "les petites gens" est énorme. Il faut agir avant que les gouvernants perdent définitivement toute légitimité à guider le pays et ceux qui le peuplent. Pour moi, être un artiste, c’est déjà s’engager. J’ai toujours été audacieux dans ma vie. Ça ne date pas d’hier. Je ne conçois d’ailleurs pas la vie autrement.

"En cas de victoire, je me consacrerai à la députation"

Votre notoriété est-elle un avantage selon vous pour remporter l’élection ?

La notoriété peut être un avantage pour une candidature car votre parole est attendue et très observée. Ça peut être un inconvénient si vous avez uniquement une notoriété et rien à dire de constructif pour l’intérêt général.

Si vous êtes élus député, mettrez-vous entre parenthèses votre activité artistique?

En cas de victoire, je me consacrerais à la députation, c’est un engagement vis-à-vis des électeurs qui ne peut supporter la dispersion d’activités.

Quel bilan faîtes-vous de la récente campagne présidentielle et qu’attendez-vous du nouveau président de la République, Emmanuel Macron ?

J’ai fait un spectacle qui suivait l’actualité politique. Je renouvelais les textes chaque jour. C’était un triste feuilleton où les problèmes de fond n’ont pas été approfondis. Le faible score du PS n’est pas un bon présage, la montée du FN est constante. C’est la preuve que les politiques menées ne sont pas les bonnes. Les ouvriers n’en peuvent plus. J’attends du nouveau Président qu’il soit à la hauteur des enjeux. Mais je pense qu’il lui faut une opposition solide lui rappelant de ne jamais manquer de respect aux droits fondamentaux des êtres humains. Les gens doivent pouvoir vivre décemment. Mondialisation ou pas.

Vous qui avez piégé de nombreux politiques de tous bords dans des canulars téléphoniques, gagner cette élection ne serait-il pas votre plus beau pied-de-nez aux politiques justement?

Ces canulars ont permis de faire tomber les masques de beaucoup de politiciens, mais aussi de montrer que certains sont droits dans leurs bottes. Cet engagement que je prends aujourd’hui n’est pas un canular et j’espère faire gagner le programme de La France Insoumise, avant toute chose.