Comment Jean d'Ormesson a milité pour les femmes à l'Académie française

Le romancier, mort à la suite d'une crise cardiaque, avait fait campagne pour l'entrée de la première femme à l'Académie française.

Jean d'Ormesson, le doyen des immortels de l'Académie française, est mort dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 92 ans. Le célèbre romancier, ancien directeur du Figaro, était un véritable défenseur de l'égalité et du progrès. On lui doit notamment d'avoir fait campagne pour l'entrée de la première femme à l'Académie, Marguerite Yourcenar, en 1980, et ce malgré les polémiques que cette idée avait engendrée sous la Coupole.

"Je souhaite très vivement que Marguerite Yourcenar entre à l’Académie française, avait-il annoncé. Je le souhaite, parce qu’à mon avis, Marguerite Yourcenar est l’un des plus grands écrivains français vivants. Certes, quelques obstacles semblent actuellement s’opposer à son élection. D’abord, elle ne vit pas en France, mais aux États-Unis. Ensuite, c’est une femme et les quarante n’ont jamais élu que des hommes. Cependant ces obstacles ne me semblent pas insurmontables". 

Un discours émouvant pour Simone Veil

Jean d'Ormesson avait finalement obtenu gain de cause le 6 mars 1980. "Une victoire de la littérature", avait-il écrit le lendemain de l'élection dans Le Figaro.

"Il n'y a pas de polémique dans cette formule, mais une constatation: Marguerite Yourcenar met fin définitivement au mythe de la littérature féminine. C'est un écrivain plus qu'une femme qui entre sous la Coupole. En faisant honneur à Marguerite Yourcenar, l'Académie française s'est fait honneur à elle-même", avait-il ajouté. 

Celui qui avait confié avoir écrit son premier livre "pour plaire à une fille" avait également livré un émouvant discours de réception de Simone Veil à l'Académie, le 18 mars 2010. Des mots prononcés trente ans après avoir milité pour y faire entrer la première femme. 

Jean d'Ormesson derrière Simone Veil à l'Académie française le 18 mars 2010 © Pool - AFP

"Comme l'immense majorité des Français, nous vous aimons, Madame. Soyez la bienvenue dans le fauteuil de Racine, qui parlait si bien de l'amour", avait-il dit durant son discours de 45 minutes. "Il y a en vous comme un secret: vous êtes la tradition même et la modernité incarnée. Je vous regarde, Madame, vous me faites penser à ces grandes dames d'autrefois dont la dignité et l'allure imposaient le respect. Et puis, je considère votre parcours et je vous vois comme une de ces figures de proue en avance sur l'histoire."

N.B.