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Alysson Paradis de retour au théâtre: "Cette pièce, c'est vraiment... une récompense"

Alysson Paradis, aux côtés de Daniel Russo, Lionel Abelanski et Anne Jacquemin dans "La Récompense", actuellement à l'affiche au théâtre Edouard VII à Paris

Alysson Paradis, aux côtés de Daniel Russo, Lionel Abelanski et Anne Jacquemin dans "La Récompense", actuellement à l'affiche au théâtre Edouard VII à Paris - Emmanuel Murat

ENTRETIEN - La comédienne Alysson Paradis remonte sur les planches pour La récompense, une pièce mise en scène par Bernard Murat au Théâtre Edouard VII à Paris. L'occasion pour elle de se confier à BFMTV.com sur ce retour au théâtre. Mais pas seulement...

Son nom était déjà connu avant qu'elle se lance dans le métier. Il lui aura fallu se faire un prénom. Ce que ses différentes expériences et apparitions au cinéma, à la télévision ou au théâtre lui ont permis de réaliser depuis plus de dix ans. Aujourd'hui, Alysson Paradis fait son retour sur les planches dans l'écrin prisé du Théâtre Edouard VII. Dans La Récompense, une pièce écrite par Gérald Sibleyras et mise en scène par Bernard Murat, elle y donne la réplique à Daniel Russo, Lionel Abelanski, Anne Jacquemin et Alice Dessuant. L'histoire? Celle d'un historien, terrifié à l'idée de recevoir un Grand Prix International d'Histoire (car tous les lauréats des années précédentes sont morts l'année suivant la remise du prix) et autour duquel tout semble s'écrouler... Humour décalé et non-sens garantis.

A l'occasion de ce retour sur scène, Alysson Paradis a accordé un entretien à BFMTV.com. Sa perception du métier d'actrice, la relation avec sa soeur Vanessa Paradis, le succès de sa nièce Lily-Rose Depp, les élections à venir... L'artiste, qui sait parfaitement protéger sa vie privée, n'a éludé aucun sujet, répondant aux questions avec simplicité et franchise. Rencontre avec un actrice "positive".

Qu'est-ce qui vous a séduit à l'idée de remonter sur scène avec la pièce La Récompense ?

Ce qui me faisait plaisir, c’était d'abord de travailler avec Bernard Murat. Son expérience ne pouvait être que bénéfique et c'est important de continuer à apprendre. Cette pièce m'a fait vraiment rire à la lecture, car elle était différente de ce que j'avais pu lire avant et ça me plaisait de ne pas savoir où la classer. Et quand on m’a parlé de mes partenaires, ça m’a réjoui encore plus. Là, j'ai la chance d’être accompagnée par Daniel Russo, Lionel Abelanski et Anne Jacquemin, je le prends comme un cadeau. C’est vraiment une... récompense!

Quel regard portez-vous sur votre personnage, Fabienne?

Elle est très éloignée de ce que je peux être dans la vie, donc j’étais étonnée que Bernard pense à moi pour ce personnage, mais surtout curieuse de voir où il voulait m'emmener avec. Elle est un peu "nunuche", très fille, c'est un peu comme un adolescente de 35 ans, elle n'a pas trop de temporalité. Elle vit vraiment au jour le jour. Elle est très premier degré et Bernard m'a poussé à jouer avec ça.

Alysson Paradis, aux côtés de Daniel Russo, Lionel Abelanski et Anne Jacquemin dans "La Récompense", actuellement à l'affiche au théâtre Edouard VII à Paris
Alysson Paradis, aux côtés de Daniel Russo, Lionel Abelanski et Anne Jacquemin dans "La Récompense", actuellement à l'affiche au théâtre Edouard VII à Paris © Emmanuel Murat

La pièce parle de la mort, de l’adultère, mais tous ces thèmes sont abordés de manière assez légère finalement...

Cette pièce ressemble aux comédies à l’anglaise, où on rit aux enterrements. C’est ce ton qu’a voulu amener Gérald Sibleyras dans son écriture. C’est déstabilisant, car on a un personnage principal qui a peur de mourir et tout le monde se moque de lui. Les frères se trompent entre eux, mais c’est pas grave. Il n'y a presque pas de morale.

"J'appartiens à une génération d'acteurs assez positive"

La pièce n'épargnent pas les "bobos" et "écolos". Mais faut-il le prendre comme une caricature ou une vraie critique?

Moi, je mange bio donc ils se sont tous pas mal moqués de moi! (rires) C'est en ça que je suis proche de mon personnage. C’est un peu caricatural. Mais c’est l’essence même de la comédie, parce que l'auteur n’est pas en reste en terme de "boboïtude". Il se moque de ce qu’il connaît.

En dix ans, votre vision de métier d'actrice et vos attentes ont-elles changé?

Oui, ça évolue, ça change. Mais j'ai l’impression que j'appartiens à une génération d’acteurs et de metteurs en scène assez positive et tournée vers les autres, ce que j’avais moins ressenti quand j’ai commencé dans ce métier où je ressentais davantage la compétition. On a plaisir à se voir quand on se croise, c’est assez joyeux. Après, forcément on ne voit pas le monde avec les mêmes yeux quand on a 20 ans et 30 ans passés. Mes attentes et mes rêves ont évolué, mes exigences aussi. Mais en même temps que la vie, donc ça prend du sens.

"Ce n'est pas un fardeau d'être la soeur de ma soeur"

Vous appartenez à une famille d'artistes. Mais est-ce finalement une vie si différente des autres?

Non, on arrive à avoir la même vie de famille que les autres, on se parle de nos projets, on se soutient. Je partage ma vie avec un acteur (Guillaume Gouix, NDLR), mais si on était toute la journée à parler de notre métier, ce serait insupportable. En revanche, les retours qu’il a pu me faire sur la pièce étaient très importants pour moi. Quand je vais voir ses films, aussi. Quand il a des doutes sur un scénario, je le lis. Mais comme une famille normale! Après, c'est vrai que l'art a une place importante dans nos vies. J'ai un enfant de 19 mois, on lui fait faire de la pâte à modeler, de la peinture. C’est important pour nous et on trouve que c'est assez magique de pouvoir s’exprimer artistiquement.

Alysson Paradis, à l'affiche de "La Récompense"
Alysson Paradis, à l'affiche de "La Récompense" © Cynthia Frebour

Le fait d'avoir été très tôt confrontée à cet entourage artistique a-t-il eu une influence sur votre volonté d'être actrice?

Je pense, mais c’est aussi parce qu’on vit comme ça. Par exemple, du côté de ma mère, ils sont tous architectes, non pas parce qu'il le fallait, mais parce que mon grand-oncle était architecte donc les enfants ont voulu faire pareil, les petits-enfants aussi. Car ils ont toujours trouvé ce métier fascinant. C’est aussi une question de transmission.

Être régulièrement comparée ou associée à votre sœur Vanessa a-t-il été compliqué à gérer?

Ce n’était pas du tout un fardeau. Je ne me suis jamais positionnée comme ça. Je pense aussi que ça dépend de la façon dont on perçoit les choses. Si on a envie d’en faire quelque chose de compliqué, tout sera compliqué. Mais si on a envie de faire que les choses soient plutôt joyeuses, elles le seront. Mais non, ce n’est pas un fardeau d’être la sœur de ma sœur! Après il y a des gens qui se comportent comme des fardeaux. Mais la maturité aidant, on les remercie rapidement... Avec Vanessa, on a vraiment un rapport de sœurs. On est contente d’aller voir le travail de l'autre et du fait de notre métier, on va pouvoir comprendre des choses et parler plus professionnellement, mais on reste vraiment des sœurs.

"Lily-Rose gère très bien sa notoriété"

En dehors de votre compte Instagram, vous semblez mettre un point d'honneur à protéger votre vie privée...

Sur Instagram, je partage parce que c’est par mon prisme. Je mets les photos que j’ai envie. Si je mets une photo de mon fils, il est toujours de dos et je n’en dis pas plus. Mais je n’en reste pas moins une fille de mon âge dans la société actuelle. Instagram est un outil de communication et de partage qui fait partie de mon époque. Je ne mettrais jamais des choses intimes. Ce ne sont que des photos qui ont un sens.

Quel regard portez-vous sur votre nièce Lily-Rose Depp, véritable star aujourd'hui ?

Elle fait aussi partie de cette génération où il y a des "it-girl". En plus, elle est égérie, elle est américaine et elle a un patronyme très connu qui attire. Mais elle gère ça très bien. On se parle souvent.

"J’aimerais bien avoir un jour un candidat qui me donne vraiment envie de voter pour lui"

Suivre l'actualité fait-il partie de vos habitudes?

De plus en plus. J’ai un peu fui les informations pendant longtemps, car je trouvais ça très anxiogène, notamment au moment des attentats, c'était trop violent. Mais je me tiens informée. En ce moment, pour les élections, je regarde, je suis, j’ai envie de voter en âme et conscience. Car quoiqu'il arrive, je n’ai pas envie de subir. J'ai le droit, je suis une femme dans un pays libre, donc je ne vais vraiment pas m’en priver. Et je n’ai pas trop envie de me retrouver avec Marine Le Pen à la tête de mon pays... Mais ce que je trouve un peu triste, c’est que depuis longtemps, on ne vote plus pour, mais contre. J’aimerais bien avoir un jour un candidat qui me donne vraiment envie de voter pour lui.

Ce qui n’est pas le cas pour l’élection à venir ?

Si, il y en a, mais en même temps, cette élection est polluée par tellement de choses. Du coup, on est vraiment perdu… J’ai l’impression de savoir pour qui je vais voter, mais dans la seconde qui suit, j'hésite à nouveau. Mais je n'ai pas envie de soutenir quelqu’un publiquement. Mon vote me regarde. En plus, c’est tout le temps récupéré, mal interprété. Je comprends ceux qui le font. Mais je ne me sens pas suffisamment politisée, ni forte dans mes propos pour le faire.

Votre compagnon Guillaume Gouix était récemment à l'affiche de Chez nous, un film très politique de Lucas Belvaux sur le FN. Tourner dans ce genre de films vous plairait aussi?

Oui, car c’est un cinéma important. Même si ça a été dur pour lui de jouer ça et de se regarder le jouer, c’était primordial de le faire. Pour reprendre ce que dit Guillaume, Lucas Belvaux "regarde notre monde dans les yeux et il n'a pas peur". C'est un homme brillant. Bien sûr, certaines scènes ont été difficiles à jouer pour Guillaume, notamment quand il devait courir après des Roumains et les mettre dans des cages. Le soir, quand il m’appelait, il ne se sentait pas très bien. Mais heureusement, on partage avec Guillaume le fait de savoir fermer la porte une fois le tournage terminé, même après avoir été cherché des émotions qui peuvent faire mal à certains endroits.

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la récompense

Une pièce de Gérald Sibleyras mise en scène par Bernard Murat, avec Daniel Russo, Lionel Abelanski, Anne Jacquemin, Alysson Paradis et Alice Dessuant, du mardi au samedi à 21h, matinées samedi à 18h, dimanche à 15h30, au Théâtre Edouard VII à Paris.